Face a des centaines de personnes réunies au siège du Syndicat de Travailleurs de l’Industrie des Boissons et Assimilés (STIBYS), la Candidature Populaire Indépendante a décidé de se retirer du processus électoral car elle le considère illégitime, « bâtard » et avec un fort relent de fraude de la part du régime putschiste, qui refuse toujours de restaurer l’ordre constitutionnel au Honduras.
Le candidat présidentiel pour la Candidature Populaire Indépendante qui est aussi président du STIBYS et membre du Comité Exécutif de la UITA, Carlos Humberto Reyes, et ses trois adjoints, Bertha Cáceres, Carlos Amaya y Maribel Hernández, ont annoncé cette décision définitive après avoir réalisées des dizaines d’assemblées dans tout le pays, afin de recueillir le sentiment des bases.
La réponse fut sans conteste : plus de 95 pour cent des personnes soutenant la candidature de Carlos H. Reyes s’est exprimé contre la participation dans le processus électoral.
« Nous vivons un moment historique pour le Honduras, et aujourd’hui, 8 novembre, nous allons prendre une décision qui est le résultat des assemblées que nous avons réalisées partout dans le pays » - déclara Carlos Amaya, face à un public attentif qui remplit le salon du STIBYS.
« Historiquement, le Honduras a été utilisé par l’impérialisme nord-américain pour freiner les processus révolutionnaires en Amérique Centrale et pour favoriser les intérêts de ses multinationales et des élites politiques et économiques.
Ils nous ont vendu la fausse idée d’une démocratie qui n’a jamais existé –a continué Amaya- et que cette démocratie allait nous protéger de la crise économique. Le résultat est que plus d’un million de d’honduriens ont dû émigrer du pays à cause des problèmes économiques.
Nous venons de voir comment les institutions de l’Etat et l’impérialisme nord-américain ont tombé le masque et ont forgé un coup d’Etat contre un peuple qui s’est réveillé.
A moins de vingt jours du processus électoral conduit par les putschistes –conclut le candidat- la dictature qui a réprimé et assassiné le peuple est toujours en place, et ces élections ne servent qu’à légitimer et donner une continuité au putsch. Nous avons récupéré notre mémoire historique et nous continuons le combat. Le temps d’attente est révolu. »
Après une profonde et très ponctuelle exposition de Bertha Cáceres, dans laquelle la dirigeante du Conseil Civique d’Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH) aborda le thème de la militarisation de la région, du processus de pillage et de privatisation des ressources naturelles au bénéfice des multinationales nord-américaines et européennes, et de la nécessité de développer un profond programme de prise de conscience et formation de la population pour contrer les politiques qui visent à freiner le processus d’émancipation du peuple hondurien, Carlos Humberto Reyes prit la parole.
« Ici beaucoup de masques sont tombés, entre autres celui des Etats Unis. Ils nous ont trompés lorsqu’ils ont voulu nous convaincre qu’avec le dialogue on pourrait rétablir l’ordre constitutionnel.
Nous ne pouvons plus cautionner cette farce, le temps est fini. Et plus de 95 pour cent des personnes consultées lors des assemblées ont affirmé que nous ne devons pas participer au processus électoral. Alors nous avons décidé de nous en retirer. »
En paraphrasant l’auteur-compositeur hondurien Mario de Mezapa, le candidat présidentiel a affirmé : « ces élections de sont pas les nôtres, ce sont celles des patrons, et puisqu’il est ainsi, nous nous retirons des élections, mais pas de la politique, ni de la résistance ni du combat.
Avec cette décision nous n’avons rien perdu –reprit Reyes- ce sont plutôt eux qui perdent : pour pouvoir gouverner ils ont du faire usage des baïonnettes. L’expérience de la Candidature Indépendante est très riche et nous apprend que les gens des quartiers, les professeurs, les ouvriers, paysans, femmes et jeunes peuvent choisir et proclamer leurs propres candidats.
De ces élections naîtra un gouvernement sans légitimité populaire. Il ne pourra pas gouverner, et nous devrons profiter de cette faiblesse pour qu’il tombe et pouvoir reprendre la route pour l’Assemblée Constituante. »
Carlos H. Reyes rappela aussi que c’est le moment pour le peuple de commencer à faire de la politique et d’approfondir son organisation et sa prise de conscience afin de contrer le coup d’Etat forgé depuis l’Empire contre les changements qui ont lieu en Amérique Latine.
Dans une brève déclaration à Sirel, le candidat présidentiel et leader ouvrier a déclaré : « nous allons profiter de la conjoncture actuelle et du combat de résistance qui s’est développé ces derniers mois pour commencer à construire une nouvelle force politique afin de relever les défis qui nous attendent, dès que les gens prendront conscience de la nature du processus électoral actuel.
Le retrait de la Candidature Indépendante n’est pas la fin de quelque chose, mais plutôt le début d’une nouvelle étape, d’une nouvelle façon de faire de la politique, où les candidats seront désignés directement par le peuple ; un instrument politique pour les organisations populaires.
Je profite de l’opportunité pour souligner l’importance du travail réalisé par la UITA ici au Honduras. Si ce n’était pas grâce aux abus que nous avons pu dénoncer dans la presse internationale, ils nous auraient déjà brisés.
Nous remercions ce courage, nous remercions la UITA et tous les camarades du mouvement syndical et populaire qui nous ont aidé.
Le gouvernement de facto a prévu d’introduire un décret pour établir dans le pays le travail temporaire et la demie journée. Avec cela ils veulent briser le Code du Travail, autrement dit, ils veulent transformer le Honduras en un paradis fiscal et patronal. »
Puis il conclut « C’est pour cela aussi que nous luttons, et depuis notre résistance nous vous demandons de continuer à nous donner votre soutien pour gagner cette bataille »
Source: Rel-Uita
Traduit par Vladimir Altuna pour Investig'Action
Image: Latuff
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