


28 juin 2010 Un an après le coup d'Etat...
Ce 28 juin le peuple hondurien sort protester dans tout le pays contre le coup d`État perpétré il y a un an par une clique d’oligarques, parrainé par Washington. Sous l’hospice d’un gouvernement fantoche mis en place en juillet 2009 - suivi par les élections présidentielles manipulées de janvier 2010 - des paramilitaires ont assassiné à ce jour des dizaines de membres de la Résistance, des syndicalistes, des enseignants, des journalistes. Protégeant ses intérêts économiques, l’Union Européenne n’y voit que du feu.
Manola Romalo: Monsieur le Président, cela fait un an aujourd’hui qu’une clique d`entrepreneurs envoyèrent des militaires vous kidnapper dans votre maison sous le feu des balles. Que signifie cet acte pour l’avenir du Honduras ?
Manuel Zelaya: En ce moment, ils ont plus de problèmes qu’auparavant : ils ont fait prendre conscience, non seulement au peuple hondurien mais aussi aux peuples d’Amérique Latine, de la menace que représente l’ambition économique pour les démocraties. Avec cette attaque, ils ont réussi à accélérer les processus de transformation à travers lesquels sont nées de nouvelles forces d’opposition.
L’influence des grandes multinationales s’étend à la politique étrangère des Etats Unis, preuve que l`administration d’Obama - de même que celle de son prédécesseur - est tombée dans l’effrayante erreur d’appuyer le terrorisme d’État. Ils ont recommencé à faire des coups d’État, méthode pratiquée déjà dans le passé par une extrême droite acharnée à semer la barbarie à travers le monde.
Manola Romalo: Quoique les putschistes, parrainés par Washington, essayèrent de maquiller en démocratie les élections présidentielles de novembre 2009, une grande partie de la communauté internationale n’a pas reconnu la légitimité du gouvernement en place. Quelles transformations démocratiques veut le peuple hondurien?
Manuel Zelaya: J`ai présenté un plan de réconciliation en 6 points qui passent par le respect des Droits Humains et la fin de l’impunité. C`est le chemin correct pour annuler le putsch et retourner à l’Etat de droit.
Avec leur position inflexible et extrémiste de laisser impuni ce putsch au Honduras, les États-Unis et leurs alliés créoles n`appuient pas ce plan et n’aident en rien la réconciliation du peuple hondurien.
Contrairement à ce que nous avons espéré, avec ses déclarations, le Département d’État ignore le crime qu’il condamna antérieurement et nomme « crise politique» des faits qu’il occulte : l`immunité et les privilèges des putschistes.
Manola Romalo: Le Ministère allemand des Affaires Extérieures informe sur son site Internet , qu’ « après le coup d`État », le gouvernement allemand ne reprendra pas de nouveaux projets d’aide pour le Honduras, mettant également court aux « consultances gouvernementales ». Quelle est la situation économique du pays?
Manuel Zelaya : Les chiffres sont plus éloquents que les mots. En trois ans nous avions réalisé les meilleurs indices de croissance de l’histoire du Honduras : 6,5 et 6, 7 %. Pour la première fois en trente ans, la pauvreté avait été réduite à plus de 10 %.
Par contre, depuis le coup d`État, le pays est entré dans une récession économique, le nombre de pauvres a augmenté, les investissements de l’Etat et ceux des particuliers ont été réduits de façon significative. Les dommages causés par le coup d`État dans le processus de développement économique du pays vont durer au moins dix ans avant d’être réparés.
Manola Romalo : Ce 28 juin, il y aura de grandes manifestations dans tout le pays, le peuple va débattre les principaux articles de la Déclaration Souveraine. La Résistance veut « refondre le Honduras ». Quelles sont les étapes nécessaires ?
Manuel Zelaya: Nous devons vaincre le coup d`État, l`impunité et la terreur. L`Assemblée National Constituante, avec la participation de tous les secteurs, est l’instrument légitime pour reconstruire la démocratie, l’ordre constitutionnel et l’Etat de droit.
L’organisation, la conscience et la mobilisation sont nécessaires pour renforcer le Front National de Résistance Populaire (FNRP) qui est la force sociale et politique de la Résistance contre le coup d’État. Nous avons la responsabilité de la reconstruction, le peuple doit reprendre les affaires en cours pour transformer le pays.
Manola Romalo: Monsieur le Président, dans le contexte politique du Honduras, le peuple réclame énergiquement votre retour. Quels sont vos projets ?
Manuel Zelaya: Le futur n`est pas très loin. Toutefois je fais des projets pour le présent: je veux réussir à vaincre les espaces d`impunité avec lesquels les putschistes prétendent couvrir les crimes contre la démocratie et contre l`humanité.
Mon retour devra être immédiat, il n´existe aucun prétexte ni justification qui expliquerait l`absence absolue de garanties pour mon retour. Il n’est pas possible que quelqu’un prétende voir les victimes soumises à la justice de leurs bourreaux.
Mon retour est lié à la reprise de l’Etat de droit au Honduras. Le propre président Porfirio Lobo affirme être menacé, ajoutant en même temps qu’il garantit ma sécurité.
Évidemment, ils utilisent les Honduriens comme des cobayes, les putschistes font de ce pays un laboratoire de violence. Ils recourent aux castes militaires pour réprimer le peuple et créer le chaos afin de maintenir le contrôle sur la société. Peu leur importent les conséquences du processus d`intégration régionale et la confrontation, doublement éprouvés, avec les organismes multilatéraux.
Les preuves sont sous nos yeux : ils ont créé un nouveau régime de terreur et de persécution. Et les Etats Unis ont beaucoup perdu de leur prestige en Amérique Latine.
USS - COMMUNIQUE DE PRESSE N°28
Berne, le 25 juin 2010
À travers une pétition lancée par l’Union syndicale suisse (USS) et l’organisation de solidarité le SOLIFONDS, 32 organisations demandent au Conseil fédéral de s’engager pour les droits humains au Honduras. Depuis le putsch d’il y a une année, des membres de l’opposition et des journalistes sont régulièrement victimes de mesures d’intimidation et d’assassinats sciemment commis.
Le 28 juin 2009, le président démocratiquement élu Manuel Zelaya du Honduras a été renversé par l’armée et expulsé du pays. Les nombreuses protestations émises par la population contre ce putsch ont été violemment réprimées, des centaines de manifestant(e)s furent emprisonnés et brutalisés, et nombre d’entre eux tués. Les élections organisées en novembre 2009 par les put-schistes se sont déroulées dans un climat de répression politique et en l’absence d’une vraie liberté d’opinion ; elles furent d’ailleurs largement boycottées. La majorité de la population ne reconnaît pas le gouvernement de Porfirio Lobo Sosa issu de ces « élections » comme son représentant légitime.
Depuis l’entrée en fonction de Lobo, en janvier 2010, les violations des droits humains se sont poursuivies : des dirigeant(e)s de syndicats, mais aussi des journalistes, sont les victimes de mesures d’intimidation et de pression. Sur les seuls trois mois de février, mars et avril 2010, sept journalistes, quatre syndicalistes et plusieurs membres de l’organisation paysanne MUCA ont été assassinés. Mais pour aucun de ces cas une enquête sérieuse n’a été menée à ce jour et il a été encore moins question d’établir l’identité des responsables et de les traduire en justice.
C’est pourquoi 32 organisations – dont les syndicats Unia, ssp et comedia, la communauté de travail des grandes œuvres d’entraide « Alliance Sud » et le Parti socialiste suisse, ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales et de solidarité – s’adressent au Conseil fédéral au moyen d’une pétition lancée par l’USS et le SOLIFONDS. Elles demandent qu’il s’engage pour que les violations des droits humains commises depuis le putsch militaire fassent l’objet d’une enquête indépendante et exhaustive et que les coupables aient à rendre des comptes.
La Suisse doit aussi s’engager pour que la liberté d’expression soit garantie au Honduras et que les protestations de la population ne soient plus criminalisées. L’armée doit retourner dans ses casernes. En outre, ces organisations demandent que la Suisse ne poursuive ses activités de coopération au développement dans ce pays que là où elles servent directement à la population et renforcent les droits humains.
Une intervention de la Suisse, État dépositaire de la convention de l’ONU relative aux droits humains, est, précisément en ce moment, urgente : on doit en effet craindre qu’à l’approche du 28 juin, date anniversaire du putsch, la répression ne s’accentue à l’encontre de la population qui s’engage pour une démocratisation du pays via une assemblée constitutionnelle.
Yvonne Zimmermann, coordinatrice du Solifonds (044 272 60 37 ou 078 866 27 06) et Peter Lauener, responsable de la communication et porte-parole de l’USS (031 377 01 06 ou 079 650 12 34) se tiennent à votre disposition pour tout complément d’information.