1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

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Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

lundi 28 juin 2010

Des mouvements de diversité sexuelle en résistance font appel à transformer l'inégalité et l'exclusion


- Communauté Lesbienne Gay Trans -travestis, transsexuels et transgenre- et Bisexuelle (LGTB) souffre du plus grand nombre de morts à cause du coup d’état, avec plus de 20 personnes assassinées

- Acharnement et haine dans les meurtres des personnes LGBT

- Première victime de la répression était transsexuelle


Tegucigalpa, 19 Juin 2010. « Vicky a été la première victime, tué par une arme militaire, il a pris une balle dans l’œil, avec sortie explosive… On n’a pas voulu lui faire une autopsie. En évitant le rapport du médecin légiste, ils ont dit que c’était une personne atteinte du VIH/Sida;… Légalement, toute personne a droit à une autopsie », récrimina Erick Martínez, officier des droits humains de l’organisation Kukulcán.



« La diversité sexuelle et la Résistance » a été le sujet du sixième forum du Front National de Resistance Populaire (FNRP), coordonné par la Commission de Communications et l’Equipe de Réflexion et Analyses, comme partie du projet pour la transformation structurelle du Honduras.


« La première mort est celle d’un transsexuel », elle a été commise le lendemain du coup d’état, pendants les premières heures de la matinée du 29 juin 2009, à San Pedro Sula [pôle industriel du Honduras, au 300 kms du nord de la capitale Tegucigalpa]. Une autre mort, celle là à Tegucigalpa, a eu lieu le même jour. « En décembre, il y avait déjà 17 morts LGBT » a précisé Martinez.


Après d’avoir analysé ce qui se passait, qu’en moins de quatre mois avaient eu lieu 17 morts, ils ont conclut qu’il ne s’agissait pas des crimes homophobes ou haineux isolés. « C’était de l’acharnement contre la communauté LGTB par un régime politique qui, en toute sa conception, tout le modèle qui avait amené au coup d’état, était aussi fondée sur l’homophobie », a-t-il expliqué.


« La plupart des assassinats contre les personnes LGBT ont été commis de façon acharnée et avec haine, leur parties génitales mutilées puis mises dans leurs bouches », a décrit Oscar Estrada, modérateur du forum.


Il a précise que, de 26 cas connus, plusieurs présentent un patron similaire, et qu’il s’identifie « la participation d’organismes de sécurité de l’Etat dans ces exécutions, dans lesquelles, avant d’être tuées, les victimes ont été torturées ».


Le 16 septembre 2010, après le « grand rassemblement [de la résistance] du 15 septembre, il a été publié, comme «note curieuse» dans la Tribuna [NDLT : journal national de grande circulation, qui a pris position à faveur du coup d’état], que deux transsexuel, Salomé et Zaida, participaient au rassemblement. Le lendemain, ils ont été assassinés. « Alors, si celui là n’est pas un crime politique… » a mis en question Estrada.


Martínez a critiqué que « dans la Constitution hondurienne il n’existe pas la typification pour les crimes de haine, ni pour les féminicides, ils restent invisibles ». C’est à partir de cela que la lutte LGBT propose « une Constitution qui inclue la diversité sexuelle ».


Les droits à la santé, à l’éducation, au travail, à la sécurité, famille, à l’adoption et à la paternité, aux garanties sociales pour la protection de la famille et du compagnon de vie, sont plus difficiles à atteindre pour la communauté LGTB. « Les pratiques discriminatoires sont abondantes, et la population la plus affectée, la plus exposée, est celle des personnes LGBT avec apparence féminine », a-t-il dit.


Pour Tony Reyes, directeur exécutif de l’organisation Arco Iris, « le plus grand défi est le droit à la vie », et la tâche principale est de faire voir la communauté LGBT comme « des sujets et sujettes de droit, comme des êtres humains». Il a rappelé qu’au début, les organisations LGBT « s’articulaient autour de la prévention du VIH/Sida », et que maintenant c’est autour de la « limitation des droits ».


Erick Martinez a mis en évidence que l’homophobie, le rejet où la répudiation des homosexuels par les hétérosexuels « s’exprime à travers de la discrimination, de la moquerie, des insultes, des accusations, de coups qui peuvent aller jusqu’à la mort, ou aux crimes de haine ».


A cause de la transphobie, de l’homophobie ou de la lesbophobie, beaucoup des personnes se suicident, ne pouvant pas résister la pression sociale. Ils vivent dans la clandestinité, ils ont des pratiques homosexuelles, mais ils ne sortent pas à la lumière par peur. « Ils préfèrent rester dans l’anonymat qu’affronter le rejet des gens, ou se faire appeler « culero » [NDLT : traitement dérogatoire utilisé pour dénommer les hommes homosexuels], ou qu’ils valent rien. L’homophobie produit de l’occultation, et les personnes se mettent en marge ».


La lutte contre l’homophobie pour transformer


« On peut être d’accord sur beaucoup de choses, et diverger sur d’autres, mais là où on est d’accord… c’est que d’un point de vue des droits… dans la conscience de droits humains qui me dit que je dois me joindre aux ceux qui défendent ces droits [NDLT : droits des LGBT]… notre conscience du fait qu’on a besoin d’une refondation, d’un changement social… », déclare Tony Reyes.


Oscar Estrada a observé que le sujet de la diversité sexuelle « est difficile, même à l’intérieur du FNRP », et a attiré l’attention sur le fait que, dans le salon, il avait moins de la moitié des chaises occupées.


Mais il explique la difficulté, « d’un coté, un FNRP très divers, même avec des organisations qui ont des objectifs primaires contradictoires, et de l’autre coté, une communauté LGTB organisée mais très peu politisée », justifie Estrada.


Pour transformer le Honduras « on doit transformer tout type de discrimination, tout type d’inégalité, et tout type d’exclusion ; et on doit commencer par notre propre communauté, le FNRP », a remarqué Erick Martinez.


Il a raconté comment au Parque Central [NDLT : de Tegucigalpa], lors de la mise en place de différents drapeaux sur la statue de Morazán, on ne les a pas laissé installer leur drapeau arc en ciel, « et le gens disaient ‘ce drapeau de culeros descendez-le’, et il a été descendu ».


« Dans le FNRP on parle des victimes du coup d’état, mais on ne parle pas du fait que c’était une personne trans ; pour ma communauté il est très triste de voir les chiffres et ne pas voir les personnes comme telles », a manifesté Martínez.


Tony Reyes a raconté les difficultés confrontées pour être acceptés par les gens dans les rassemblements, et il a relaté qu’au début on les a appelé « pédés » et « culeros ». Mais ils ont réussi à faire arrêter l’usage de ces mots dans les slogans, « lorsqu’on appelait Michelleti pédé, on leur réclamait : non, nous les pédés sommes ici, et on a les couilles aussi bien pendues que n’importe qui d’autre ».


Reyes a informé qu’au Honduras il existe 10 organisations LTGB constituées, dont cinq ou six ont le statut de personne juridique. Aux trois premières à l’avoir, le collectif Violeta, la Communauté Gay Sanpedrana et la Kukulcán, le statut leur a été donné presque 20 ans après la demande originale. L’organisation Arco Iris l’a eu en 2008, et en 2010 ont été reconnus l’association Jóvenes en movimiento et le collectif Travesti Transsexuel de San Pedro Sula.


Dans le forum ont participé Erick Martínez, de l’organisation Kukulcán, qui a mis en évidence les rapports entre droits et diversité sexuelle ; Tony Reyes, directeur exécutif de l’organisation Arco Iris, qui a parlé du coup d’état et de la communauté LGBT ; et la docteure Adrian Pain, qui a fait son exposition sur la réaction internationale à l’assassinat de Walter Tróchez [NDLT : défenseur des droits humains et activiste de la communauté LGBT assassiné en Décembre 2010]. Le forum a été réalisé dans l’auditorium du Collège des professeurs d’éducation secondaire du Honduras et soutenu par la Fondation Friedrich Ebert.


Traduit par: Gabriela Carias/Pierre Soum

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