1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

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Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

mardi 17 novembre 2009

LETTRE DU PRÉSIDENT MANUEL ZELAYA AU PRÉSIDENT BARACK OBAMA




Tegucigalpa le 11 novembre 2009


Monsieur Barack Obama

Président des Etats Unis d’Amérique

Monsieur le Président:

Le Front de Résistance contre le Coup d’Etat vous salue au nom des millions d’honduriens qui livrent une croisade historique pour la restauration de la Démocratie dans leur pays.

Comme vous le savez, le 28 juin dernier, l’armée hondurienne a réalisé un Coup d’Etat pour sortir du pouvoir le citoyen José Manuel Zelaya Rosales, Président élu lors dés élections démocratiques en 2005.

Ce Coup d’Etat est un véritable crime contre la Démocratie au Honduras, et compte avec le soutien de la majorité des députés du Congres National, de la totalité des magistrats de la Cour Suprême de Justice et des gérants des autres instantes de l’Etat, mais a été conçu et imaginé par les couches économiques, sociales et politiques privilégiées de notre pays, c’est à dire par le secteur des hommes d’affaires et politiques traditionnels, propriétaires des média, et soutenu par les leader religieux.

En réaction, le Peuple hondurien est sorti à la rue exiger la restauration de l’ordre constitutionnel, la restitution du Président Zelaya Rosales et la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante qui permette de réorganiser le pays sur de nouvelles bases, via une processus démocratique.

Ce mouvement social et politique est connu internationalement comme “la Résistance hondurienne”, et est organisé à travers le « Front National de Résistance contre le Coup d’Etat ». Le Front, Monsieur le Président, n’est pas né d’un projet politique, mais directement de l’initiative des citoyens sortis dans la rue pour manifester contre les chars et les fusils. De fait, il rassemble des partisans du Président Zelaya mais aussi de son opposition, mais qui ont en commun le reset du coup d’état et des méthodes antidémocratiques.

Il est important de rappeler que notre peuple ne s’est jamais senti seul dans cette lutte. Tous les pays du monde ont exprimé à l’unisson leur rejet de ce putsch odieux, y compris celui que vous présidez, en rompant les relations diplomatiques avec le régime de facto. En quatre mois, nous avons été témoin de diverses formes de solidarité active, et nous constatons que les démocrates du monde voient dans ce coup d’état le début d’une escalade internationale pour revenir sur les avancées obtenues par des régimes élus par les urnes, et plus particulièrement dans le sous continent latino-américain.

La bataille pour le Honduras s’est convertie alors dans une nouvelle Bataille pour la défense de la Démocratie continentale et planétaire.

Ceux qui ont démis par la force le Président élu dans les urnes poursuivent leur plan, avec la prétention de gérer le processus électoral du 29 novembre prochain, alors que les libertés publiques sont suspendues, en particulier la liberté d’expression et de réunion, et que continue la répression contre les démocrates honduriens et les violations des droits sociaux garantis dans notre Constitution. Nous avons des indices forts que les putschistes préparent une scandaleuse fraude électorale pour légitimiser un gouvernement qui leur succèderait à partir de janvier 2010.

Cette réalité mène à la conclusion que tant qu’un régime de facto gouvernera notre pays, ne pourront exister les conditions démocratiques minimales pour que les partis politiques puissent participer à un processus électoral fiable et transparent. Pour cette raison notre Front a décidé de ne pas reconnaître ces élections, et encore moins le gouvernement qui en sortirait, même dans l’hypothèse où le Président soit restitué, car nous ne pouvons entrer dans le jeu de manipulations politiques organisé par les ennemis de la Démocratie.

En conséquence, Monsieur le Président, les conditions démocratiques prévalant au 28 juin n’ayant pas été rétablies, rien ne permet au Gouvernement des Etats Unis de baisser la pression contre LA TERQEDAD de l’élite putschiste.

Bien que vous soyez exprimé ouvertement pour le retour de la Démocratie au Honduras, nous avons observé de la part du Gouvernement des Etats Unis une position qui laisse une impression d’incohérence avec votre discours. Pendant que d’un côté, votre Secrétaire d’Etat Madame Hillary Clinton déclare œuvrer pour le retour de la démocratie dans notre pays, nous avons constaté que d’un autre côté, votre Gouvernement ne déploie pas l’arsenal à sa disposition pour faire pression sur les usurpateurs honduriens à abandonner le pouvoir.

Dès le début votre Gouvernement a fait pression sur les putschistes en supprimant leurs visas et une partie de la coopération financière et non financière. Nous avons constaté néanmoins que la coopération militaire s’est poursuivie, ce qui a permis à des émissaires des putschistes d’entrer dans le territoire nord américain pour faire du lobbying auprès de secteurs de la Chambre des Représentants et du Sénat. Nous n’avons pas entendu de votre part une condamnation énergique des multiples violations des droits de l’homme commises par la répression militaire et policière, documentées amplement par la Commission Interaméricaine des Droits de l’Hommes.

Mais surtout, nous avons constaté un recul de ces mesures dès lors qu’un dialogue avait été instauré entre les putschistes et le Président Zelaya et que fut signé l’accord de « Tegucigalpa-San José ». En réalité, il n’y a pas eu de dialogue sincère de la part du régime putschiste, comme le démontrent les constantes violations du pacte. La signature de cet accord n’a pas entraîné le retour du Président Zelaya à sa fonction légitime. Au contraire, le régime de facto a imposé une interprétation arbitraire de l‘accord, attribuant au Congrès National ayant participé au coup d’état, le pouvoir de décider sur la restitution du Président. A un tel point que pendant que le régime de facto maintient une supposée attitude de “dialogue”, il pratique la torture psychologique avec des appareils électroniques et des substances chimiques contre le Président Zelaya et ceux qui sont réfugiés avec lui à l’Ambassade de la République Fédérative du Brésil.

La Résistance hondurienne est particulièrement préoccupée qu’un porte parole du gouvernement nord-américain, comme Monsieur Señor Thomas Shannon, puisse déclarer publiquement que les Etats Unis reconnaîtront le gouvernement issu des élections du 29 novembre prochain, même si le Président Manuel Zelaya n’est pas rétabli dans ses fonctions.

Pire encore, nous ne pouvons être indifférents aux informations indiquant que l’attitude de votre gouvernement est liée à des négociations de politique intérieure autour de la nomination du prochain Ambassadeur au Brésil et du Directeur Adjoint pour les affaires de l’hémisphère occidental du Département d’Etat. Si ces informations s’avéraient exactes, nous serions devant une pratique opposée à celle que proclament les fonctionnaires de votre gouvernement dans leur déclaration pour défendre la démocratie.

Face à tout cela, nous nous permettons de vous demander respectueusement de :

1. Rendre cohérentes vos déclarations en faveur de la restauration de la Démocratie au Honduras avec des mesures de pression plus efficaces en vue d’obtenir la démission du gouvernement putschiste, comme la suspension totale de toute aide financière, de toute coopération militaire, et le retrait de vos représentations diplomatiques.

2. Exprimer sans laisser de doutes que votre gouvernement soutient la restitution immédiate sans condition et en sécurité du Président Zelaya et demande l’arrêt des actes de torture électronique et chimique menés contre l’ambassade du Brésil.

3. Exiger du gouvernement putschiste la restauration des libertés démocratiques et des garanties constitutionnelles.

4. Ne pas reconnaître le processus électoral programmé au 29 novembre et s’abstenir d’envoyer des observateurs, puisqu’un processus électoral fiable est impossible sous ce régime putschiste..


Seule une politique ayant pour corolaire ces quatre points pourra dissiper l’inquiétude que notre Peuple a vis à vis de la politique extérieure de votre Gouvernement.

Nous vous remercions pour votre attention et vous manifestons toute notre considération et estime.

Sincèrement,


FRONT DE RESISTANCE CONTRE LE COUP D’ETAT