1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

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Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

mardi 13 octobre 2009

CSI : « 12 syndicalistes ont été tués depuis le coup d’Etat »




Bruxelles, le 12 octobre 2009 (CSI EnLigne) : Les travailleurs sont les principales victimes du coup d’Etat qui a renversé le président hondurien, Manuel Zelaya, le 28 juin dernier. Les syndicats se mobilisent pour réclamer le retour à la démocratie, mais beaucoup de militants et de militantes ont perdu la vie, sont emprisonnés et torturés. Le gouvernement de facto contrôle la presse. Erasto Reyes, un avocat engagé auprès du mouvement syndical et l’un des meneurs du Front national de résistance contre le coup d’Etat (1), témoigne des exactions commises. Il appelle à la solidarité syndicale internationale.

Des milliers d’Honduriens sont descendus dans les rues pour protester pacifiquement contre le coup d’Etat, mais ils se sont heurtés à une répression sanglante des autorités. Quel est le bilan à ce jour ?

Au total, la répression contre les opposants au coup d’Etat a provoqué la mort de plus de 20 personnes. 500 autres ont été blessées et 3.000 sont détenues. 12 militants syndicaux figurent parmi les personnes assassinées. Certains ont été tués chez eux, d’autres dans les mouvements de protestation contre le coup d’Etat. Les femmes et les jeunes sont particulièrement impliqués dans la résistance pacifique contre le coup d’Etat.

Les cas de torture physique et psychologique sont nombreux. Un journaliste photographe du journal El Libertador, Delmer Membreño, a été enlevé et torturé. Une enseignante syndicaliste a été violée par quatre policiers. Je pourrais citer beaucoup d’autres cas, comme celui d’Augustina Flores López, membre du Conseil civique des organisations populaires indigènes du Honduras (2), qui a été durement frappée par la police, y compris en public, devant des médias. Les images de ces coups ont été enregistrées et présentées devant un juge, mais il a refusé d’en tenir compte. Elle demeure en prison, accusée de « sédition et terrorisme ». Des dizaines de Honduriens sont détenus pour ce chef d’accusation, dont des personnes âgées.

Le président Zelaya avait augmenté le salaire minimum de 126 à 202 euros fin 2008, à la grande colère des patrons. Cette hausse est-elle l’une des raisons du coup d’Etat ?

Le président Zelaya avait pris toute une série de mesures en faveur des travailleurs et des travailleuses. De façon étonnante puisqu’il vient du parti libéral, il s’était aussi dirigé vers la gauche sur le plan des relations internationales, en rejoignant l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (3). Il avait également invité les syndicats à un dialogue sur toute une série de sujets, dont la sous-traitance. Un projet de décret visait ainsi à régulariser le recours aux travailleurs sous-traitants, afin de ne pas les précariser davantage. Les autorités actuelles veulent aller dans le sens contraire en privilégiant par exemple les contrats temporaires, qui pourraient être renouvelés pendant trois ans. Si leur projet est approuvé, à terme, il n’y aura plus aucun syndicat au Honduras car il est extrêmement difficile d’organiser les travailleurs et travailleuses temporaires.

Peut-on penser que des forces antisyndicales ont profité de la répression des opposants au coup d’Etat pour assassiner des syndicalistes ?

C’est possible car la grand majorité des employeurs soutiennent le coup d’Etat.

Cela dit, même lorsque le président Zelaya était en place, être militant syndical était déjà une activité dangereuse, puisque plusieurs syndicalistes ont été tués ou attaqués par balle en 2008…

C’est vrai, et le taux de syndicalisation était déjà très faible : à peine 3% de la main-d’œuvre dans les maquilas (4), et 8% de la population active totale, qui représente 3,5 millions de travailleurs et travailleuses. Il y avait de nombreux incidents inquiétants. Ainsi, en 2008, des syndicalistes de l’Université nationale autonome du Honduras ont brièvement détenu de prétendus agents de police qui infiltraient le campus. Ceux-ci détenaient une liste avec les noms de syndicats à attaquer et de nombreux dirigeants syndicaux, dont celui de Rosa Altragracia Fuentes, la secrétaire générale de la Confédération des travailleurs du Honduras (CTH), assassinée en avril 2008 (5). Malgré les violations des droits syndicaux antérieures au coup d’Etat, les syndicats exigent le retour de l’ancien président car la situation s’est fortement dégradée depuis le 28 juin.

Les syndicats honduriens peuvent-ils encore fonctionner depuis lors ?

L’activité de chaque syndicat s’est réduite en raison de la peur d’être agressé à l’occasion d’éventuelles rencontres syndicales. Tous les dirigeants syndicaux reçoivent des menaces. Une bombe a explosé dans les toilettes du siège du syndicat du secteur industriel de la boisson, STIBYS (6), mais elle n’a pas fait de victimes car l’incident a eu lieu peu après le départ des militants, qui s’étaient réunis pour les funérailles d’un dirigeant syndical assassiné.

Certains syndicats bravent le danger, tel STIBYS, qui a même organisé son congrès en août dernier. Cela dit, beaucoup de syndicalistes manquent de temps pour les activités syndicales car ils sont aussi impliqués dans le Front national de résistance contre le coup d’Etat.

En dénonçant les exactions commises depuis le coup d’Etat, ne craignez-vous pas pour votre propre sécurité ?

Si, bien sûr. Ceux qui dénoncent courent beaucoup de risques, mais nous ne pouvons rester silencieux face à ce qui se passe dans notre pays. C’est pour ça que nous demandons à la CSI et à toutes ses organisations affiliées de nous soutenir, de tout faire pour divulguer les exactions commises au Honduras, afin que ça s’arrête.

Comment les syndicats nationaux et internationaux peuvent-ils vous aider ?

D’abord en condamnant le coup d’Etat et en diffusant des informations sur ce qui se passe actuellement au Honduras. Ensuite, par l’envoi de missions syndicales sur le terrain afin de constater les violations des droits humains et syndicaux. Nous souhaitons aussi que les syndicats fassent pression sur leurs gouvernements pour qu’ils n’envoient pas d’observateurs lors des élections du 29 novembre (le gouvernement actuel attend ces observateurs et une aide financière pour la tenue de ces élections). Nous avons également besoin d’aide financière et matérielle, notamment sur les plans alimentaire et médical. Beaucoup de militants souffrent de fractures suite à la répression, mais dans les hôpitaux, on ne trouve même plus de broches pour ressouder les os.

La communauté internationale a largement dénoncé le coup d’Etat, mais ça ne semble pas impressionner beaucoup ses auteurs…

Tout ne va pas être immédiatement résolu, il s’agit d’une lutte de longue haleine, mais nous voulons qu’à la fin, les auteurs de ces violations des droits humains et syndicaux répondent de leurs actes. Nous espérons que ça servira d’exemple pour dissuader d’autres atrocités et coups d’Etat dans le futur. Si les condamnations internationales n’ont pas donné de résultat jusqu’ici, il faut des mesures plus concrètes, combinées à un maintien de la pression de la part du peuple hondurien. Le mouvement syndical international pourrait appeler à des sanctions économiques contre le gouvernement actuel. Le simple fait de menacer le Honduras d’être exclu de l’Accord de libre-échange d’Amérique centrale pourrait avoir un effet, car les pertes économiques seraient énormes.

Comment décrire la situation économique du commun des Honduriens ?

Le Honduras est l’un des pays les plus pauvres de la région. Le président Zelaya avait augmenté le salaire minimum à 202 euros, mais c’est encore inférieur de 20% au revenu nécessaire pour couvrir les besoins quotidiens d’une personne. De plus, très peu de travailleurs touchent ce salaire minimum. La crise économique mondiale a également eu un impact au Honduras : environ 20.000 emplois ont été perdus depuis le début de l’année. Ca ne va pas s’arranger car les entreprises déclarent perdre des millions depuis le début du coup d’Etat, entre autres en raison des blocages de routes et parce que de nombreuses personnes n’ont pu se déplacer pour se rendre sur leur lieu de travail. Dans les maquilas, des employeurs sont en train de contraindre les travailleurs et travailleuses à prester de très nombreuses heures supplémentaires pour rattraper le temps perdu suite à l’état de siège déclaré par le gouvernement de facto.

Propos recueillis par Samuel Grumiau

(1) Frente Nacional de Resistencia Contra el Golpe de Estado, dont font partie les trois affiliées de la CSI au Honduras (CUTH, CGT et CTH)

(2) Consejo Cívico de Organizaciones Populares Indígenas de Honduras (COPINH)

(3) L’ALBA est une organisation politique, sociale et économique promouvant la coopération entre les pays socialistes de l’Amérique latine et des Caraïbes

(4) Zones franches d’exportation

(5) Pour plus de détails à ce sujet, voir le rapport annuel des violations des droits syndicaux de la CSI, à l’adresse http://survey09.ituc-csi.org/survey...

(6) Sindicato de Trabajadores de la Industria de las Bebida y Similares, affilié à l’UITA

Voir aussi le dernier communiqué de la CSI (23 septembre 2009) réitérant sa condamnation du coup d’Etat et des graves violations des droits humains et syndicaux perpétrés par les autorités : http://www.ituc-csi.org/spip.php?ar...

Voir aussi la résolution de la Confédération syndicale des Amériques (CSA) du 8 juillet 2009 : http://www.ituc-csi.org/IMG/pdf/Res...
Source

Le 24 novembre 2009, à 19 heures, à l’Institut catholique de Paris.

Monsieur le cardinal André Vingt-Trois et Monsieur le recteur Pierre Cahné présideront la séance solennelle de la rentrée universitaire de l’ICP.

A cette occasion, les insignes de docteur Honoris Causa de l’Institut catholique de Paris seront remis à... Mgr le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa (Honduras).

Laudatio prononcé par Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, vice-président de la Conférence des évêques de France.

Les insignes de Docteur honoris Causa seront également remis à Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI. Laudatio prononcé par... Jean-Claude Trichet.

HONDURAS : le peuple ne s´endormira jamais.

Les quartiers de Tegucigalpa maintiennent la lutte en organisant chaque nuit des marches dans les secteurs populaires, avec pour première exigence la restitution dans ses fonctions du président, Manuel Zelaya. Les casserolles résonnent dans les rues pour protester contre le putsch de Mr. Micheletti et son équipe militaire au Honduras, il y a plus de trois mois.

Face aux lenteurs d´un dialogue mené sous l´égide de l’OEA, le peuple organisé en Front de Résistance, méne des actions de rue depuis les secteurs les plus pauvres de la ville, les citoyen(ne)s se rassemblent à chaque coin de rue et de maison en maison la marche enfle pour exiger la rapide restitution de "Mel" Zelaya avant tout, et en second lieu la tenue d´une assemblée constituante, tout en appelant à refuser des élections que les putschistes voudraient “organiser” en plein état de siége.

Reina Centeno, membre du Front de Résistance : “Les activités de rue et les marches nocturnes continueront tant qu’on ne restituera pas le président Zelaya dans ses fonctions présidentielles. Notre peuple lutte pour la Constituante, pour assumer de véritables changements, les changements qui garantissent une véritable participation du citoyen hondurien.”

Sandra Tercero, du secteur “Le Pedregal” au sud de Tegucigalpa, un des quinze quartiers visités par les équipes de journalistes internationaux, souligne : “ils ont expulsé Manuel Zelaya, non pas á cause de la quatrième urne (consultation citoyenne sur la possibilité d´une réforme constitutionnelle, NDT), non ! Ils l´ont expulsé á cause de ses propositions d’augmenter le salaire minimum de 3.200 lempiras (monnaie locale) à 5500 lempiras, équivalent de quelques 300$, ce qui affecte directement le secteur patronal. "C’est ce qui a préoccupé les putschistes : la possibilité d´améliorations sociales pour les secteurs les plus pauvres : soutiens économiques aux femmes, aux personnes du troisième âge, allocations scolaires, allocations aux mères célibataires, démocratisation des droits d´inscription, aides dans le secteur santé, dans le secteur agricole oú on a noté des changements importants, mesures de protection de forêts menacées dans la région, tous ces projets sociaux marquent une amélioration quotidienne des conditions de vie des citoyen(ne)s hondurien(ne)s.”

“Par conséquent, le peuple restera présent dans la rue jusqu’à la victoire, refusant des élections qui ne résoudront pas la crise politique. Ceci est un coup d’état de Micheletti, une dictature répressive et militaire, Le peuple ne va pas voter », souligne Tercero.

Entretemps, Ramón Espinoza du Bloc populaire en Résistance, du secteur CentroAmérica Ouest, a souligné, que les jeunes continueront à se manifester dans les rues avec fermeté à mesure que se rapproche la fin du gouvernement putschiste. “Nous ne pouvons plus tolérer la dictature, ce gouvernement répresseur et qui viole les droits de l´homme, et le droit fondamental de vivre, des jeunes de notre secteur ont été assassinés aux mains des putschistes.”

Wendys Olivio /Correo de l’Orinoco Tegucigalpa : 09-10-09 Traduction : Collectif "La révolution vit" Tegucigalpa : 09-10-09



Edité par T 34 - 11 Oct 2009 à 17:43

Cecile LAMARQUE

L’attitude complice de la Belgique et de l’Union Européenne à l’égard de la dictature au Honduras

Cecile LAMARQUE
dessin : Martirena fr.toonpool.com
Le 14 septembre dernier, la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU, par la voix de son président, le Belge Alex Van Meeuwen, et sous la vindicte des pays réunis en son sein, a décidé d’interdire l’accès à la séance de travail à l’ambassadeur du Honduras Delmer Urbizola. En effet, ce diplomate fait allégeance à la dictature de Roberto Micheletti, unanimement condamnée par l’ensemble de la communauté internationale.

Tandis qu’à l’ONU le représentant belge sanctionne avec fermeté le régime putschiste, la Belgique refuse toujours d’expulser de son territoire l’ambassadeur hondurien Ramón Custodio, acquis au régime putschiste et toujours en poste à Bruxelles. Pourtant, Yves Leterme, Ministre belge des Affaires Étrangères, a reçu dès juillet 2009 un courrier de son homologue du Honduras, Patricia Rodas, restée fidèle au gouvernement constitutionnel de Manuel Zelaya, signifiant la destitution de l’ambassadeur du fait de son appartenance à la bande putschiste |1|. Alors qu’il est clairement énoncé que cette personne ne représente plus le gouvernement de droit du Honduras, aucune disposition n’a été prise par le gouvernement belge.

Le 23 septembre, les députés Juliette Boulet (Ecolo), Wouter De Vriendt (Groen !) et Benoit Hellin (Ecolo) ont alors adressé une lettre au Ministre des Affaires étrangères concernant la situation politique au Honduras et la position pour le moins ambiguë de la Belgique, qui d’un côté condamne le coup d’État, et de l’autre tolère la présence sur son territoire d’un représentant du gouvernement putschiste |2|.

Relayée par une question orale le 29 septembre lors d’une séance de la Commission des Affaires étrangères, le secrétaire d’État Olivier Chastel, au nom du Ministre Yves Leterme, répondra à la missive urgente que « le département des Affaires étrangères n’a pas reçu de notification officielle par la voie diplomatique à propos de la destitution de M. Ramón Custodio Espinoza et, début septembre, une copie officieuse de la lettre de Mme Patricia Rodas Barca, que vous mentionnez dans votre question, a été envoyée indirectement au ministre des Affaires étrangères. Cette lettre datait du 7 juillet 2009 et il apparaît impossible pour le ministre des Affaires étrangères de prendre une mesure radicale, comme l’expulsion d’un ambassadeur accrédité, en se basant sur une copie d’une lettre officieuse » |3|. Persister à abriter l’ambassadeur putschiste au motif que la lettre est officieuse, alors qu’elle porte le sceau officiel du gouvernement de Manuel Zelaya, reconnu comme étant le seul gouvernement légal du Honduras, et la signature de sa Ministre des Affaires Étrangères, est tout simplement irrecevable et témoigne du soutien pernicieux de la Belgique à l’égard de la dictature.

Pour rappel, le dimanche 28 juin 2009, le président Manuel Zelaya, élu démocratiquement le 27 novembre 2005, a été séquestré par l’armée du Honduras et expulsé de force vers le Costa-Rica. Des secteurs réactionnaires de la société (l’oligarchie, l’armée, l’Église, le pouvoir judiciaire et les médias dominants) se sont installés au pouvoir pour tenter de faire avorter le processus de réformes sociales. Depuis maintenant plus de trois mois, la dictature tente d’anéantir la résistance populaire qui ne fléchit pas. La police et les militaires au service des putschistes répriment, emprisonnent, torturent et assassinent les manifestants, censurent et détruisent les installations des rares médias indépendants. Le 22 septembre, 36 ans après les stades du Chili sous Pinochet, plusieurs centaines de personnes sont enfermées dans le stade Chochy Sosa à Tegucigalpa. Malgré la répression, le Front national de Résistance contre le Coup d’État et les forces populaires poursuivent tous les jours avec détermination les mobilisations pacifiques pour exiger le retour du président Zelaya, le rétablissement de l’ordre constitutionnel et la poursuite des légitimes réformes sociales et politiques entamées. Manuel Zelaya, qui a réussi à regagner le Honduras le 21 septembre, se trouve depuis lors en exil dans son propre pays, au sein de l’ambassade du Brésil assiégée.

Depuis le jour du Coup d’État, les principaux médias internationaux n’auront eu de cesse de dénigrer et criminaliser Manuel Zelaya, prenant le parti des putschistes, et l’associant pour nombre d’entre eux au président vénézuelien Hugo Chavez, présenté comme un dirigeant populiste autoritaire. La Libre Belgique ne déroge pas à cet alignement international de l’information. Le 23 septembre, le quotidien belge titre « Zelaya relance la crise » |4|. Doit-on en conclure que « la crise » était une affaire classée !? La répression n’a jamais cessé à l’égard de la population hondurienne qui s’oppose à l’installation d’une dictature criminelle. Celle-ci n’a guère ému les médias, trop occupés à colporter des informations fallacieuses.

L’article publié dans La Libre Belgique déclare que le président Zelaya « avait décidé (...) d’organiser un référendum pour modifier la Constitution de 1986 |5| afin (...) d’autoriser le chef d’État à se présenter à plusieurs mandats ». Faux ! Le jour du coup d’État, Manuel Zelaya avait organisé une consultation à caractère non contraignant demandant aux Honduriens s’ils désiraient, ou non, la convocation d’une Assemblée nationale constituante, après les élections prévues le 29 novembre 2009 |6|. Si cette consultation avait recueilli une majorité de "oui", le président aurait soumis un décret à l’approbation du Congrès pour que, le 29 novembre, les Honduriens se prononcent formellement sur la convocation d’une Constituante, dans une "quatrième urne" (les trois premières étant réservées respectivement à l’élection du président, des députés et des maires). Ce processus aurait représenté une réelle avancée démocratique au Honduras.

Contrairement à ce qu’avancent les principaux médias, Manuel Zelaya ne cherchait pas, via cette consultation populaire, à reconduire son mandat présidentiel lors des prochaines élections puisque celles-ci se tiendront dans le cadre de l’actuelle Constitution qui prévoit des mandats présidentiels de quatre ans non renouvelables. Zelaya ne pouvait donc pas être candidat à sa propre succession.

Ce ’pêché’ lui a valu, selon La Libre Belgique, « sa destitution par le Parlement pour violations répétées de la Constitution ». Or, quiconque se penche sur la Constitution hondurienne pourra constater que le Parlement hondurien n’a pas les facultés pour démettre le président, pas plus que Roberto Micheletti, alors Président du Congrès, ne pouvait prétendre à la présidence |7|, tandis qu’il n’est pas prévu non plus par la Constitution qu’un Président ou un citoyen hondurien soit expulsé manu militari mais bien que « l’accusé » soit présenté devant la juridiction compétente. En outre, le « criminel » supposé Manuel Zelaya n’a commis aucune violation de la Constitution, la consultation se tenant dans un cadre parfaitement légal |8|.

Passons outre les erreurs, approximations et autres inepties proférées par les grands médias à l’endroit de Manuel Zelaya et d’autres présidents progressistes d’Amérique latine, objet de trop nombreuses calomnies. L’urgence est au retour d’un État de droit au Honduras.

Alors qu’une mission de l’Organisation des Etats Américains (OEA) se trouve actuellement au Honduras afin de négocier une « sortie de crise » sur base des Accords de San José, il est fondamental, comme le demandent les députés dans le courrier adressé au Ministère des Affaires Étrangères belge, que la Belgique et les autres pays membres de l’Union Européenne se positionnent fermement en faveur de « la non-reconnaissance des élections qui pourraient se dérouler en novembre, dans le cas du non rétablissement sans conditions du Président démocratiquement élu, M. Zelaya ».

Les négociations des Accords de San José, menées sous l’égide du président costaricain Oscar Arias, n’avaient jusqu’alors pas abouti face à l’intransigeance des putschistes, et en dépit des dispositions pourtant entièrement favorables à ces derniers, à savoir : le retour du président Zelaya mais avec des pouvoirs réduits et partagés avec les putschistes dans le cadre d’un gouvernement de "réconciliation et d’union nationale" en attendant les prochaines élections présidentielles de novembre 2009 ; une amnistie générale pour les délits politiques en relation avec le coup d’État ; l’interdiction de toute consultation populaire appelant à une Assemblée constituante.

Ces conditions inacceptables ne résoudront en aucune façon la situation tragique issue du Coup d’État, et ne sauraient constituer un point de départ des négociations. Les seules conditions acceptables sont le retour sans conditions du président Manuel Zelaya ; des poursuites judiciaires contre les auteurs matériels et intellectuels du Coup d’État et des violations continues des droits humains et des libertés fondamentales ; la poursuite du processus d’Assemblée nationale Constituante, qui est une exigence non négociable pour le Front Nationale de résistance contre le Coup d’État.

Comment peut-on prétendre plaider pour le retour à l’ordre constitutionnel et pour une « sortie de crise » en faisant fi des puissantes revendications populaires, et en laissant siéger au gouvernement et à la tête des plus importantes entreprises du pays ceux-là même qui tuent, torturent et privent de liberté la population hondurienne depuis plus de trois mois !? Nos chefs d’États et représentants ne sont-ils pas conscients de l’inconsistance de leurs réactions et prises de positions face à l’urgence de la situation au Honduras, qui exige que soient écartés au plus vite du pouvoir ces barbares réactionnaires ?

Le 22 septembre, Manuel Zelaya réitérait à l’antenne de Radio Habana Cuba sa demande formulée à Washington de « prendre des mesures concernant le commerce, parce que le Honduras dépend des activités commerciales » avec les États-Unis et « cela mettrait fin au coup d’État en moins de deux minutes » |9|. Si le maintien de la dictature incombe en grande partie aux États-Unis, l’Union Européenne ne peut être exempte de critiques : outre son silence complice, sa responsabilité est en effet clairement engagée du fait qu’elle n’a pas coupé les facilités commerciales au gouvernement dictatorial, celles-ci étant pourtant conditionnées « au respect des principes démocratiques et des droits humains ».

On peut sérieusement douter des « vraies-fausses » pressions exercées par l’Union Européenne et ses pays membres à l’égard de la dictature au Honduras. Exigeons une attitude claire et ferme de l’Union européenne !

Cécile Lamarque http://www.cadtm.org/L-attitude-complice-de-la-Belgique

notes articles :

|1| La lettre de Patricia Rodas est disponible à cette adresse : http://www.benoithellings.be/index.php?id=151

|2| Lire ici le courrier des députés : http://www.benoithellings.be/index.php?id=151

|3| Voir l’intervention complète : http://www.lachambre.be/doc/CCRI/html/52/ic642x.html

|4| « Zelaya relance la crise », MFC, La Libre Belgique, p.15, 23 septembre 2009.

|5| La Constitution date non pas de 1986 mais de 1982.

|6| La question était : « Êtes-vous d’accord qu’aux prochaines élections générales de 2009, une 4e urne soit installée pour permettre au peuple de se prononcer sur la convocation d’une assemblée nationale constituante ? OUI ou NON ».

|7| Conformément à l’article 242 de la Constitution, si le président renonce à ses fonctions, ou en son absence, sa succession revient au Vice-Président - à savoir Don Arístides Mejia, actuellemnt en exil et qui n’était pas présent ni convié quand les putschistes se sont répartis le pouvoir le 28 juin... En l’absence du Vice-Président, le Président du Congrès doit excercer simultanément à ses propres fonctions celles du Pouvoir Exécutif, toujours en sa qualité de Président du Congrès.

|8| Concernant les aspects légaux et les charges retenues contre le président Manuel Zelaya, entre autres articles et rapports traitant du sujet, se reporter par exemple au Rapport Final de la Mission Internationale d’Observation des droits humains au Honduras, Informe final : Gobierno de facto viola DDHH, http://alainet.org/active/32385&lang=es

|9| http://www.lefigaro.fr/internationa...