1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.
Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

jeudi 4 mars 2010

Communiqué de presse.



Honduras : continuité de la dictature, sanglante escalade répressive.

Le 27 janvier 2010 au Honduras, Porfirio Pepe Lobo, désigné successeur du putschiste Roberto Micheletti lors d’un suffrage boycotté par la grande majorité des Honduriens, prend possession de la présidence de l’État. Il représente la continuité du coup d’état du 28 juin 2009 sous une forme plus présentable. « Élu » par seulement 15% de la population, sans aucune légitimité démocratique, il n’est qu’une marionnette dans les mains de l’oligarchie économique et militaire.

Le président constitutionnel Manuel Zelaya, dont le mandat officiel se terminait ce jour là, avant de quitter l'ambassade du Brésil où il était assiégé depuis le mois de septembre par les forces armées, a procédé, par l’intermédiaire de JuanBarahona représentant du Front de Resistance Populaire contre le coup d’état, à une transmission symbolique de l’écharpe présidentielle au peuple hondurien en lutte.
Craignant pour sa vie, il a gagné la République Dominicaine accompagné par le Président dominicain Leonel Fernandez qui a obtenu des putschistes un sauf conduit. Avec ce sauf conduit permettant l’exil de Manuel Zelaya, Porfirio Pepe Lobo croit avoir enclenché un processus de réconciliation nationale.
Avec la prise de possession du nouveau gouvernement illégitime, les forces putschistes veulent accomplir avec succès une stratégie qu'ils ont appliquée depuis le moment d'usurpation du pouvoir: légitimer le coup d'état à posteriori par des élections nationales. De plus, ils essaient ainsi de se garantir l'amnistie et l'impunité des délits politiques et violations des Droits de l'Homme commis depuis le 28 juin 2009. Par ailleurs et à l’instar de Pinochet au Chili, Roberto Micheletti s’était déjà autoamnistié en se faisant nommer député à vie.

Pour le Front de Resistance Populaire hondurien, qui avait appelé ce jour là à manifester massivement et pacifiquement contre l’investiture de Pepe Lobo, la seule issue possible passe par l’arrestation et procès des putschistes pour crime de lèse-humanité et par la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante. Le Front confirme sa décision de ne pas reconnaître le régime de Porfirio Lobo, le considérant comme la continuité de la dictature imposée par l’oligarchie à travers le coup d’état. «…Nous maintenons l’exigence d’un retour à l’ordre institutionnel et d’installer l’Assemblée Nationale Constituante démocratique et populaire, en accord avec le droit souverain du peuple de définir la société dans laquelle il vit …»¨

Juan Barahona a déclaré lors de l’acte de transmission de pouvoir du Président Manuel Zelaya au peuple hondurien: « La Résistance ne reçoit pas cette écharpe comme un trophée ou une simple reconnaissance pour ses efforts. Elle la reçoit comme la plus haute responsabilité : celle de représenter le Peuple et d’obtenir que surgisse la réelle Démocratie, participative et populaire ( …) Nous luttons pour la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante Populaire révolutionnaire, elle ira bien au delà des réformes tièdes qui laisseraient intact le système des privilèges, système qui permet aux puissants de vivre dans un luxe infini exploitant le travail des pauvres, volant les biens publics et exploitant sans pitié les ressources naturelles (…) Nous voulons une société neuve, un être humain neuf, qui n’exalte pas l’égoïsme come valeur suprême mais qui cherche au contraire le développement intégral de la collectivité. Nous aspirons à forger des personnes solidaires, qui ressentent comme leur la misère des autres et qui luttent pour éliminer les injustices sociales provoquées par le capitalisme, le patriarcat et le racisme (…) Nous nous battons pour une patrie libre d’ingérences externes, sans bases militaires pour menacer nos frères centraméricains, sans transnationales pour voler impunément nos richesses, sans classes politiques aux ordres de l’empire…» ¨

Avec le maintien de la dictature avec à sa tête Porfirio Lobo au service des intérêts économiques des grands propriétaires terriens et des grands entrepreneurs locaux et internationaux qui s’obstinent à intensifier le modèle néolibéral capitaliste, générateur de pauvreté et d'inégalités ainsi que de l’exploitation indiscriminée des ressources naturelles, le peuple s'est vu ravir la possibilité de déterminer son avenir.

De plus, le coup d’état au Honduras qui s’inscrit dans la persistance du contrôle de la région par les pouvoirs économiques des sociétés transnationales états-uniennes qui avec le soutien de Washington prétendent inverser les processus de changements sociaux à l’œuvre en Amérique Latine, montre, encore une fois, la détermination des États Unis de ne pas permettre le développement des processus sociaux et politiques en Amérique Latine qui ne soient pas contrôlés par eux, sous traitant aux forces armées locales la défense de ses intérêts. L’armée hondurienne n’a jamais mené d’autres guerres que celles contre son propre peuple.

Depuis dans le pays, c'est une vague de répression sanglante contre les membres actifs de la Résistance qui s'est abattue, intensifiant encore la répression constante qui sévit le peuple hondurien depuis le coup d'État du 28 juin 2009. Des assassinats, des disparitions, des arrestations et de menaces ont caractérisé les dernières semaines au Honduras.

Dans son communiqué du 15 février Le Front de Résistance Populaire dénonce la stratégie de l’oligarchie d’affaiblir ainsi les organisations populaires qui maintiennent leurs exigences de rétablissement de la démocratie et de convocation d’une Assemblée Nationale Constituante Populaire.

Le CODEH (Commission des Droits Humains d’Honduras) avec une Plate-forme composé de diverses organisations des droits de l'homme dénonce un plan de terreur pour en finir avec le processus de développement d'une alternative politique et sociale dans le pays. La plateforme dénonce tout ce qui se passe dans le pays devant les organes des droits de l'homme de l'ONU et devant le procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI), pour qu'une enquête et un jugement soient initiés contre les responsables de ces crimes.
De son côté, Amnesty International a demandé une enquête indépendante qui garantisse que tous les responsables d'abus de droits de l'homme soient amenés devant la justice.

Le peuple Hondurien rejette catégoriquement la dictature déguisée, et exige la fin de la répression qui s'abat sur les manifestants et les leaders des mouvements.

Par ailleurs, le Front de Resistance Populaire du Honduras a exprimé sa solidarité avec le peuple haïtien pour la tragédie occasionnée par le tremblement de terre qui a causé des dizaines de milliers de morts, blessés et d’immenses dégâts matériels «… Nous partageons une réalité très proche de celle de nos frères et sœurs haïtiens: comme eux, nous avons vécu la douleur de catastrophes naturelles, mille fois aggravées par la corruption et la cupidité de l’oligarchie (…) comme eux, nous avons vécu la douleur de catastrophes naturelles transformées en catastrophes humaines par le type de système économique qui nous est imposé… » ¨

La solidarité des citoyens et des mouvements sociaux est indispensable, et dans ce sens, les Associations Solidarité Honduras et Collectif ALBA-Amérique Latine, appellent les organisations de la société civile à exprimer leur solidarité et exiger que les Droits de l’Homme au Honduras soient respectés, que les crimes ne restent pas impunis, et enfin à rester vigilants sur le devenir du peuple hondurien.


Association Solidarité Honduras : solidarité.honduras@gmail.com

Chefs d’états et de gouvernements des pays membres du Groupe de Rio.


Vos excellences,

Chefs d’états et de gouvernements des pays membres du Groupe de Rio.

Cancú, Mexique.

Nous nous adressons respectueusement à vous, conscients que vous représentez la volonté légitime des citoyens de vos pays respectifs, droit qui malheureusement nous a été retiré à nous les Honduriens, avec le coup d’état du 28 Juin dernier.

Nous croyons que ce forum de l’Amérique Latine et des Caraïbes doit connaître la situation réelle dans laquelle vit le Honduras neufs mois après le coup d’état qui a stoppé net nos espoirs d’une démocratie participative et égalitaire.

Le régime dictatorial issu de la violation de l’état de droit a manipulé l’opinion publique nationale et internationale pour cacher les violations quotidiennes des droits de l’homme.

L’état est toujours dans les mains des personnes qui se sont ouvertement entendues pour réaliser le coup d’état. Personne au Honduras n’a été condamné pour les violations de nos droits, pour les assassinats, la torture et la répression; pour preuve, la cour suprême de justice a définitivement amnistié la hiérarchie militaire, acteur fondamental des violations de notre état de droit.

En ce moment même, dans le département de Colón, des groupes paramilitaires et la police font actes de violence pour priver nos frères paysans de leur droit à la terre. Il y a déjà eu des assassinats, et la situation va probablement encore empirer.

Dans ce contexte, nous vous prions respectueusement de:

1. Maintenir votre position de ne pas reconnaître le régime de Porfirio Lobo Sosa, puisque c’est la continuité directe de la dictature installée par le coup d’état et validée par un processus électoral illégal, illégitime, qui n’a été observé par aucun gouvernement, ni aucune organisation d’intégration régionale ou institution crédible.

2. Condamner énergiquement et avec détermination les violations des droits de l’homme et les crimes contre l’humanité au Honduras, exigeant l’arrêt immédiat des persécutions politiques et des actions d’intimidation contre les membres de Front de Résistance Populaire, et la dissolution des corps répressifs paramilitaires qui exécutent ces crimes.

3. Reconnaître le Front de Résistance Populaire comme le représentant légitime du peuple hondurien dans sa lutte pour le retour à l’ordre institutionnel et la refondation de l’état au service d’une société meilleure.

4. Exiger qu’une justice impartiale soit appliquée dans tous les cas, permettant ainsi le retour des exilés politiques, et leur garantissant d’exercer leurs droits de citoyens comme l’établit la constitution du Honduras.

5. Exiger que soient démis de leur fonction les auteurs matériels et intellectuels du coup d’état, et qu’ils soient jugés par un tribunal international impartial.

Mesdames et Messieurs les Chefs d’états et de gouvernements des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, en tant que représentants de la volonté du peuple hondurien, nous sollicitons votre soutien et vous prions de continuer à vous préoccuper de la situation au Honduras.

Nous vous exprimons respectueusement nos remerciements pour votre soutien et pour la solidarité de la majorité des pays représentés ici, et nous vous renouvelons toute notre considération.

Front de Résistance Populaire