1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.
Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

jeudi 3 décembre 2009

La longue marche de la résistance hondurienne




Le Front contre le coup d’État revendique la « victoire » de l’abstention lors des élections. Il appelle la communauté internationale à ne pas reconnaître le futur gouvernement.

Tegucigalpa, envoyée spéciale.

Seuls ou par grappes, les militants du Front de la résistance commencent à prendre place dans le grand hall du siège du syndicat des travailleurs de l’industrie de la boisson et assimilés (Stibys), transformé en QG depuis le coup d’État du 28 juin qui a ébranlé le Honduras. À la porte d’entrée, chacun prend un malin plaisir à montrer son auriculaire dépourvu d’encre, preuve que les élections générales du 29 novembre ont été boycottées. Les sympathisants du président renversé, Manuel Zelaya, chauffent la salle. « Mel résiste, le peuple est avec toi ! » crie l’un. « Oui, on a pu ! » lance un autre, en allusion à l’abstention, estimée par la résistance à 65 % des électeurs. Dona Alicia arrive remontée. Elle se tourne vers un défenseur des droits de l’homme arrêté dimanche par les militaires et lui demande comment il va. « Vous comprenez pourquoi il faut rejeter ces résultats ! » Un fichu vert olive à l’effigie du Che orne son visage ridé. Elle habite le quartier de la République du Venezuela. « Avec des amis de la résistance, nous nous sommes relayés devant le bureau de vote pour relever le nombre d’électeurs. On en a compté 700 et pourtant, les résultats officiels parlent de 1 000 votants, vous croyez que c’est normal ? » fait-elle mine de s’interroger.

Refonte démocratique

Il est plus de midi et l’ambiance est explosive. Combien sont-ils venant des nombreuses collines qui forment Tegucigalpa, la capitale ? Plus de 3 000 assistent à cette assemblée générale, une des plus importantes de ces derniers mois. Coordinateurs du Front, dirigeants d’associations des droits de l’homme, syndicalistes, militants des quartiers populaires, féministes, avocats et médecins entrés en résistance au lendemain du coup d’État se succèdent au micro pour fustiger la journée du 29. Une pancarte raille les décomptes du tribunal suprême électoral : « 2 + 2 = 5. » Un téléphone portable collé au micro rappelle la salle à l’attention. La communication crachotante s’installe. « Le peuple a châtié ceux qui l’ont châtié ! » clame, le président « Mel ».

Remerciant le peuple et la résistance, le président légitime en profite pour interpeller « les différents groupes politiques » qui se sont livrés à l’entreprise du 29 novembre en vue de charmer la « communauté internationale ». « Ces groupes, poursuit-il, n’osent pas parler de coup d’État parce qu’ils ont peur des militaires et des grandes multinationales. Parce que je disais la vérité, parce que je disais qu’il faut une constituante au Honduras parce que c’est ce dont nous avons besoin aussi en Amérique centrale, je suis aujourd’hui entouré de militaires », en allusion à son emprisonnement dans l’ambassade du Brésil depuis plus de deux mois. Cinq mois après le putsch, la refonte démocratique du pays reste le leitmotiv du Front national de résistance. « La nouvelle constitution doit être représentative de tous les secteurs du pays : les paysans, les ouvriers, les patrons, estime Dona Alicia. Une constitution qui nous permette de mieux vivre » dans ce pays où 70 % de la population est pauvre.

Assemblée constituante

Plus tôt dans la journée, la coordination du Front a annoncé qu’elle ne reconnaîtra pas le nouveau gouvernement, qui doit entrer en fonction en janvier 2010. « Nous réitérons que tous les actes que réaliseront l’actuel régime de facto et son successeur ne seront pas reconnus par le peuple », a déclaré Carlos H. Reyes, l’une des figures du Front, parce que « ces élections illégales et illégitimes » avaient pour but de « garantir le pouvoir à un secteur minoritaire de la population ». Il réclame, lui aussi, l’installation d’une assemblée nationale constituante. « Le régime de facto est sorti fragilisé de ces élections », a estimé le leader Rafael Alegria, contrairement à ce qu’affirment les principaux médias honduriens. « Il n’y a aucune raison de dialoguer avec un régime illégal », a-t-il rétorqué au nouveau président, « Pepe » Lobo, qui entend former un « gouvernement d’unité nationale ». Propos destinés à rassurer la communauté internationale. C’est également vers elle que se tourne la résistance afin qu’elle « méconnaisse le prétendu gouvernement qui s’installera le 27 janvier ». En début de soirée, une « caravane de la victoire » s’est mise en route. Plus de 300 voitures ont défilé à coups de Klaxon, en passant le plus près possible de l’ambassade du Brésil.

Cathy Ceïbe
http://www.humanite.fr/2009-12-02_International_La-longue-marche-de-la-resistance-hondurienne

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