1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.
Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

mardi 6 avril 2010

Au Honduras, la normalisation par la guerre sale.

Depuis la farce électorale du 29 novembre 2009 destinée à blanchir le coup d’Etat militaire du 28 juin contre le président Manuel Zelaya, la « médiacratie » a bien fait les choses : avec la bénédiction des Etats-unis et de l’Europe, le Honduras aurait retrouvé la démocratie.

Or, voilà que les masques du prétendu « gouvernement de réconciliation nationale » tombent. Comme dans les années 1980, le pouvoir a entrepris une campagne de liquidation sélective des militants et dirigeants du Front national de résistance populaire (FNRP), à travers des escadrons de la mort qui sévissent en toute impunité. Le 23 mars, le professeur Manuel Flores a été abattu dans son établissement, San José de Pedregal, devant ses élèves et collègues. Dirigeant syndical du Collège des professeurs de l’enseignement secondaire, il était également membre du Parti socialiste centraméricain. Le 26 mars, des journalistes du Canal 4 de Juticalpa, Ballardo Mairena et Manuel Juarez, ont été criblés de balles par des hommes armés qui leur avaient tendu une embuscade. Ces deux morts s’ajoutent aux cinq journalistes assassinés en quelques mois par le régime du président Porfirio Lobo.

Le 25 mars, onze dirigeants syndicaux de l’Enseignement supérieur de l’Université nationale autonome du Honduras (UNAH) ont été arrêtés, ligotés et enchaînés comme des malfrats. Dans le département d’Atlantidá, cinq paysans ont été abattus depuis le début de l’année, dont José Antonio Cardoza et José Carias, du Mouvement unifié des paysans d’Aguán (Muca). Le défenseur de la forêt, Francisco Castillo, a également été liquidé.

La haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Mme Naty Pillay, a demandé le 15 mars que s’ouvre une enquête sur « les cas de violations du droit à la vie, torture, arrestations arbitraires et viols » au Honduras.

Le coup d’Etat préventif du 28 juin 2009 était bien un avertissement à tous les peuples d’Amérique latine, une tentative de coup d’arrêt, d’intimidation envers l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), et visait à refaire du Honduras le gendarme américain en Amérique centrale.

Renforcée, plurielle, inventive, non-violente, l’opposition hondurienne, rassemblée au sein du FNPR, ne désarme pas. Elle va entreprendre, d’avril à juin, une grande consultation nationale pour recueillir les signatures de 30 % des électeurs en vue d’exiger une Assemblée constituante débouchant sur la refondation du pays, par l’élaboration d’une constitution ayant désormais pour garant le peuple et non l’armée et l’oligarchie.

L’Union européenne se tait ; elle a repris tant ses relations avec Tegucigalpa que les négociations commerciales avec l’ensemble de l’Amérique centrale – dont fait partie le Honduras – pour signer en mai prochain un traité de libre commerce.


urgence, encore un assassinat hier et un assaut imminent contre les paysans de l’Aguán.

(fichier audio inclus)

vendredi 2 avril 2010, par Primitivi

Hier, jeudi 1er avril, un jeune paysan a été tué par les gardes privés des latifundistes. Dans le même temps l’armée et la police, soutenues par les gardes privés armés sont entrain de se regrouper pour donner l’assaut aux différentes coopératives paysannes situées sur la rive sud du Rio Aguán.

Il est urgent de diffuser ces informations et qu’un mouvement de pression se mette en place sur le Honduras. Ce à quoi nous assistons est au moins aussi terrible que la dictature de Pinochet ou de la junte militaire argentine. L’oligarchie hondurienne est entrain de massacrer peu à peu toute la population hondurienne qui n’est pas encline à subir son pouvoir féodal.

(Image : Muca, Voselsoberano)

Ce matin un paysan membre du Muca a été assassiné

FIAN Honduras (First Information and Action Network) Organisation Internationale des Droits de l’Homme pour le Droit à se Nourrir

Communiqué

Aujourd’hui à 6:00 heure du matin le jeune Miguel Alonso Oliva, 22 ans a été assassiné avec une arme à feu par un agent de sécurité de l’une des plantations de palmiers africains dans la Vallée de l’Aguán, quand son groupe membre du Mouvement Paysan Unifié de l’Aguán (MUCA) était entrain de récupérer les terres de la propriété Bolero, possession de René Morales.

En ce moment même la population paysanne de la Vallée de l’Aguán vit sous une forte tension provoquée par la mobilisation de militaires, de policiers et d’agents de sécurité [NDT : paramilitaires ?] engagés par les grands entrepreneurs opposés au MUCA dans ce conflit pour les terres [1].

Conformément à l’information obtenue jusqu’à présent, les paysans craignent que la mobilisation de militaires, de policiers et de gardes armés soit le signe de l’intention de reprendre les terres récupérées sur la rive gauche du Río Aguán. Les coopératives paysannes menacées sont : Suyapa del Aguán, Guanchías, Buenos Amigos, Remolino, Despertar, Trinidad, San Esteban, Quebrada Honda, Paso Aguán, El Plantel, Islas 1 & 2, Marañones et Bolero.

Nous requérons la présence du Ministère des Droits de l’Homme afin qu’il ouvre des enquêtes sur les exactions récentes et qu’ils prennent les décisions légales appropriées pour punir les coupables. Que ce même ministère maintienne une présence dans la région tant que les mouvements armés existent afin d’éviter de plus grands malheurs.

Fian Honduras demande à la communauté internationale et aux organisations des Droits de l’Homme de réagir à ces exactions criminelles qui viennent s’ajouter à celles qui ont été récemment constatées lors de ce conflit agraire et d’obliger le gouvernement de Porfirio Lobo afin que ses forces armées (armée et police) veillent au respect des lois nationales et internationales et non à l’application de la volonté des entrepreneurs de cette région.

Tegucigalpa le 1er avril 2010

Gilberto Ríos, Secrétaire Exécutif, Fian Honduras

Des gardes privés assassinent un paysan lors d’une récupération de terres

Comité des Parents de Détenus Disparus au Honduras (COFADEH) Jeudi 1er avril 2010

Le COFADEH lance un appel urgent à la communauté internationale face aux nouveaux actes de violence perpétrés dans la région de l’Aguán, ce jeudi 1er avril :

1.- Nous condamnons l’assassinat du jeune Miguel Alonso Oliva 22 ans, qui a été assassiné par des agents de sécurité quand le Mouvement paysanne Unifié de l’Aguán (MUCA) était entrain de récupérer des terres dans la propriété Bolero, qui sont illégalement en possession du propriétaire terrien René Morales.

2.- Dans le même temps nous condamnons le manque d’actions rapides du gouvernement de Porfirio Lobo Sosa afin de résoudre le conflit de terres du Bajo Aguán. Gouvernement qui se montre très favorable et très laxiste avec les propriétaires terriens qui sont illégalement en possession de terres appartenant à l’État et qui doivent être immédiatement remises aux paysans, comme le stipule la Loi.

3.- Nous sollicitons en urgence la communauté internationale pour faire pression sur le gouvernement de Lobo afin d’en finir avec cette situation instable et difficile contre les femmes, les hommes et les enfants qui sont terrorisés aussi bien par les agents de sécurité des latifundistes Miguel Facussé, René Morales et Reinaldo Canales, que par l’armée et la police, tous fortement armés et qui sont entrain de se renforcer avec l’intention de déloger les paysans qui ont récupéré les terres sur la rive gauche de la rivière Aguán, où se trouvent les coopératives Suyapa del Aguán, Guanchías, Buenos Amigos, Remolino, Despertar, Trinidad, San Esteban, Quebrada Honda, Paso Aguán, El Plantel, Islas 1 & 2, Marañón et Bolero.

4.- Nous nous déclarons solidaires de la famille du jeune Miguel Alonso Oliva, qui est veillé dans la communauté Guadalupe Carney, à Silín, Colón, où des dizaines de compagnons sont venus accompagner ses parents.

5.- Le Cofadeh a reçu une information non confirmée à propos d’autres crimes commis par les agents de sécurité, ce qui montre l’urgence qu’il y a à agir et à résoudre ce conflit afin d’éviter que le sang coule plus longtemps et que la famille hondurienne se retrouve définitivement divisée.


Sources :
Vos El Soberano "En la mañana de hoy fue asesinado campesino miembro de MUCA (+ Audio)"
Prensa Rural "Honduras : Guardias privados asesinan a campesino en toma de tierras"
Traduction : Primitivi

Notes

[1] Pour rappel : les terres que le MUCA tente de reprendre n’appartiennent pas aux grands propriétaires, ce sont des terres appartenant à l’Etat hondurien dont une loi passée en 2009 attribue l’usufruit aux paysans afin de produire de la nourriture. Suite au putsch les latifundistes se sont attribués ces terrains alors qu’ils n’ont aucun droit dessus.


Honduras, cinq journalistes assassinés en un mois, où sont les gros titres ?

Honduras: la guerre sale

Jean Ortiz

Le gouvernement illégitime de la marionnette Porfirio Lobo, issu du coup d'Etat du 28 juin 2009 et de la farce électorale du 29 novembre dernier, sous couvert de "démocratie" supposément restaurée, a entrepris une campagne de liquidation sélective des militants et dirigeants du Front national de résistance populaire, qui menace un gouvernement faible.



Depuis le début de 2010, cinq journalistes ont été assassinés, motivant la protestation de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, qui considère le pays comme le plus violent de la zone. La semaine dernière, le professeur Joe Manuel Flores a été abattu dans son collège El Pedregal (Tegucigalpa), devant ses élèves, et en toute impunité, par un groupe para-militaire. Cinq paysans, il y trois semaines environ, étaient tombés sous les balles de tueurs à Aguan (Département de Colon). La semaine dernière encore, les dirigeants syndicaux de l'enseignement supérieur du SITRAUNAH, ont été arrêtés; ligotés et enchaînés comme de vulgaires délinquants, puis emprisonnés. Et l'Université fermée. Une grande manifestation de protestation rassembla des milliers de personnes le 25 mars. La semaine dernière, toujours et encore, deux journalistes du Canal 4 de télé de Juticalpa ont été criblés de soixante balles. Toutes ces victimes étaient membres de la Résistance.

Le coup d'Etat du 28 juin était bien destiné à donner un coup d'arrêt à l'ALBA, un avertissement à tous les mouvements populaires d'Amérique latine, et à refaire du Honduras, comme dans les années 1980, le gendarme de l'Amérique centrale. Le président ZELAYA fut renversé parce qu'il mettait en péril l'ordre néo-libéral et les privilèges d'une oligarchie richissime. N'avait-il pas, en janvier 2009, augmenté le salaire minimum de 160 à 275 dollars? Refusé de privatiser l'eau et noué des accords avec le mouvement populaire. La "quatrième urne" proposée pour consulter le peuple (le 28 juin) sur la nécessité d'une Constituante, fit crier militaires, tous les médias, politiciens corrompus et grands propriétaires, au "chavisme"!!! Elle n'était que consultative...Mais le prétexte était trouvé. Pas question de laisser se rebâtir un pays instable, verrouillé, et aux injustices abyssales.

Depuis juin, chaque jour qui passe, éclaire la participation du Pentagone, du "complexe militaro-industriel", de la CIA, de l'homme de tous les coups tordus, l'ambassadeur américain Negroponte, des contre-révolutionnaires cubains, dans un "golpe" "préventif". Depuis, les manoeuvres se multiplient pour blanchir le « golpe »: élections du 29 novembre avec environ 30% de votants selon la Résistance, constitution d'un gouvernement "d'intégration" (qui n'intègre que les putschistes et leurs amis), projet d'installation d'une autre base militaire nord-américaine en Mosquitia, dans une zone pétrolière...L'armée est dans toutes les institutions... Et silence médiatique du "Monde", de "El Pais" etc, après leur campagne estivale de mensonges...

Paradoxalement, le "golpe" a stimulé un mouvement populaire devenu puissant et permis de dépasser les clivages entre mouvements sociaux et politiques opposés au régime. Le Front national de résistance populaire fonctionne horizontalement, est composé d'organisations indépendantes et très hétérogènes, mais articulées, créatives, ayant essaimé dans tout le pays. Il se fixe désormais comme principal objectif, selon l'une de ses figures emblématiques, Carlos H. REYES, la refondation du pays à travers un processus constituant. D'avril à juin, il organisera une consultation populaire pour une Constituante, et compte recueillir 30% de signatures.

Pendant ce temps, le Parlement européen, bavard sur Cuba, se tait sur le Honduras et l'Union Européenne s'apprête à boucler, le 27 avril, un Traité de libre commerce prédateur avec l'Amérique centrale. Depuis l'ouverture des frontières et le "libre commerce" imposé par les Etats-Unis, il ne reste plus au Honduras que 2000 producteurs de riz sur 25.000. Le riz, transgénique, doit désormais être importé du Nord. Washington et l'Union européenne contribuent plus que jamais au pillage de l'Amérique centrale.



Edité par T 34 - 01 Apr 2010 à 16:01

Honduras : violence du régime, appel international pour que cessent les exactions.

(fichier audio inclus)

jeudi 1er avril 2010, par Primitivi

Le collectif Voselsoberano lance ici un appel à la communauté internationale et aux médias du monde entier afin de relayer les différentes informations qui émanent du Honduras et de ne pas passer sous silence les multiples assassinats qui ont actuellement lieux.

Nous reproduisons également la dernière dépêche de l’Agence Pulsar qui fait état du 5ème journaliste assassiné au cours du mois de mars. La situation hondurienne est critique.

Face à la vague d’assassinats sélectifs entrepris par le régime

Le Collectif Voselsoberano condamne énergiquement la vague d’assassinats sélectifs entrepris par le régime, les plus récents étant ceux des compagnons José Manuel Flores, Francisco Castillo, José Antonio Cardoza, José Carías y Nahun Palacios assassinés au cours des dix derniers jours.

S’ajoutent à cela une vague de massacres et de crimes, produit de la politiques “de nettoyage social” menée par le régime et ses forces criminelles.

Dans le cas du compagnon José Manuel Flores, il a été un professeur actif, un dirigeant et un homme politique, membre du Parti Socialiste d’Amérique centrale (PSOCA) et membre détaché du Front National de Résistance Populaire.

Le compagnon Francisco Castillo a été un militant du Front de Résistance et un proche collaborateur du Père Tamayo [1]. José Antonio Cardoza et José Carías étaient des paysans appartenant au Mouvement Unifié des Paysans de l’Aguán, Nahun Palacios était un communicateur social qui a dénoncé l’oligarchie, spécialement la situation de la Vallée de l’Aguán et l’implication de Miguel Facussé.

Nous exigeons que la violence contre notre peuple s’arrête et nous en appelons à la communauté internationale pour qu’elle condamnent la répression qu’a déchaîné le régime dirigé par Porfirio Lobo.

Nous lançons un appel vers les médias nationaux et internationaux pour dénoncer la vague répressive du régime.

Aux parents et aux amis des martyrs de notre lutte nous exprimons le témoignage de nos sentiments d’indignation et de douleur.

Tegucigalpa le 24 mars 2010.

Nous reproduisons ensuite la dernière dépêche sur le Honduras provenant de l’agence Pulsar (fichier audio inclus)

Encore deux journalistes assassinés au Honduras

Les journalistes José Bayardo Mairena Ramírez et Manuel Juárez ont été assassinés vendredi dernier dans le département d’Olancho. 5 journalistes ont été assassinés durant le mois de mars.

Mairena Ramírez et Juárez ont été interceptés et criblés de balles par plusieurs hommes armés à environ 5 kilomètres de Juticalpa.

Courant mars à ces assassinats s’ajoutent ceux du journaliste et membre de la Résistance hondurienne, Nahún Palacios [2], celui de David Meza Montecinos et celui de Joseph Ochoa.

Devant cette situation, la Plate-forme des Droits de l’Homme a condamné ces crimes et elle considère qu’au Honduras se déroule une "stratégie de terreur, d’immobilisation et de persécution des adversaires du Coup d’État et du gouvernement de facto".

La semaine dernière, a été également assassiné José Manuel Flores, professeur et membre de la Résistance.

Suite à cet assassinat Bertha Oliva, coordinatrice générale du Comité des Parents de Détenus Disparus au Honduras (COFADEH), a affirmé qu’un "plan d’extermination" a été activé au Honduras.

La même semaine, un autre membre du Front de Résistance Populaire, Alexander Antonio Herrera, a été victime d’une tentative d’homicide quand des inconnues lui ont tiré dessus après qu’il soit sorti sur le porche de sa maison.

Herrera a réussi à échapper aux coups de feu en se jetant au sol. A la suite de quoi ses agresseurs ont commencé à tirer sur la maison elle-même, sans aucune considération pour les 8 enfants présents à l’intérieur. Il n’y a eu heureusement aucun décès à déplorer suite à cet attentat.

En février 3 assassinats avaient été commis sous la gouvernance de Porfirio Lobo président du pays depuis fin janvier. La Résistance dénonce également que 254 violations des Droits de l’Homme ont été enregistrées moins d’un mois après la passation de pouvoir.

Sources :
Vos El Soberano "Ante la ola de asesinatos selectivos emprendidos por el régimen"
Agencia Pulsar "Otros dos periodistas asesinados en Honduras"
Traduction : Primitivi

Notes

[1] Voir "Le gouvernement de fait hondurien confirme qu’il révoquera la naturalisation du père Tamayo" et aussi "Père Jose Andrès TAMAYO CORTEZ, un prêtre que rien n’arrête"

[2] A l’assassinat de Palacios s’ajoute celui de la doctoresse Yorleny Yadira Sánchez Rivas agée de 33 ans qui avait été blessée durant la fusillade. "Muere doctora herida en crimen de periodista Nahún Palacios"

“les palmiers nous ont sauvés des balles”

LES PALMIERS NOUS ONT SAUVES DES BALLES

Radio Progreso, une des figures radiophoniques de la résistance, rapporte sur son blog le témoignage des femmes de la communauté de La Concepción, région du Bajo Aguán. Communauté chassée des terres en friche que le gouvernement de Zelaya lui avait mis à disposition en 2009. Après putsch de juin 2009 les latifundistes ont chassé les paysans pauvres de ces terres en friche qu’ils déclarent leur appartenir (NB : les latifundistes n’ont aucun titre de propriété sur ces terrains qui appartiennent à l’État).

Suite à cela les familles de la communauté de La Concepción ont décidé de s’installer dans la palmeraie de Miguel Facussé, un des latifundiste. Celui-ci a réagit en leur envoyant ses gardes privés et la police pour les déloger par la force, tirs à balles réelles, disparitions et assassinats sont l’arsenal répressif utilisé [1], mais les familles résistent car elles n’ont pas le choix.

“Nous sommes menacés par les agents de Mr Miguel Facussé et par les policiers” dit Lidia Ramos, tandis qu’elle se rappelle la triste journée du vendredi 12 février [2], quand plusieurs agents de sécurité et policiers envoyés par l’entrepreneur Miguel Facussé ont tiré contre les familles qui étaient installées dans la palmeraie de palmier africain La Concepción à Tocoa, province de Colomb [3].

“Ils ont tiré comme des fous. Nous avons couru avec les enfants pour nous couvrir derrière des palmiers. Mais nous restons ici, nous appuyons nos époux et nous luttons pour qu’un jour nos enfants vivent mieux que nous, nous le faisons pour eux, pour leur avenir”, ajoute Lidia.

Ce jour-là Margarito Peralta a été blessé, il est en phase de convalescence nous indique son épouse Marie Sonia, une autre des femmes qui appuie la lutte pour la terre dans cette région.

Selon les conversations avec différentes femmes, il y a 150 familles qui campent à cet endroit et les femmes se sont organisées pour trouver de la nourriture, pour prendre soin des enfants et les soutenir à l’école. Elles se chargent également de chercher l’eau pour cuisiner dans les fourneaux improvisés et sur des tables faites en feuilles de palmier.

Les enfants aident à chercher du bois sec pour allumer le feu, font la vaiselle et les commissions. “La vie dans la palmeraie est difficile, mais nous sommes là parce que nous n’avons pas de terres à cultiver. Nous sommes dans une situation de grande pauvreté, il y a des jours où nous mangeons, et d’autres jours non, nous devons résister à la faim” nous dit-elle, tandis qu’elle nous montre les lits, les tables et les chaises faites avec feuilles de palmier et d’agaves.

“Regardez nos cabanes, nous nous couchons là sur ces feuilles vertes et dures, nous ne dormons pas tranquilles et devons être vigilantes car nous avons été menacés et craignons pour notre vie, celle de nos époux et des nombreux enfants qui sont là”, dit Maribel Martínez, responsable de la nourriture pour le campement.

Pourtant, les femmes de La Concepción, ont l’espoir que ce cauchemar finisse un jour et que leurs enfants puissent avoir un meilleur avenir sur les terres où ils sont nés. Elles remercient pour leur solidarité les différentes organisations et personnes qui croient à la lutte qui se déroule ici et les soutiennent en fournissant des aliments.

Depuis décembre dernier les centaines de familles organisées dans le Mouvement Paysan de l’Aguán, ont décidé de former 28 coopératives paysannes pour la mise en place d’une réforme agraire.


Geste de solidarité : [4]

Les familles de l’Aguán ont besoin de nourriture, d’abris et de matériaux pour leurs maisons, de médicaments, de vêtements, de matelas, de récipients pour cuisiner et manger.


Source : Radio Progreso Mujeres campesinas del Bajo Aguán : “las palmas nos salvaron de las balas”
Traduction : Primitivi

Notes

[1] Voir l’article "Région de l’Aguán, ouvriers agricoles et journalistes semblent des cibles privilégiées"

[2] Voir les articles, listés dans l’ordre chronologique :
11 janvier 2010 "L’armée expulse les paysans pour donner des terres aux latifundistes"
21 janvier 2010 "L’armée et la police délogent des centaines de paysans qui réclament des terres volées par les responsables du coup d’état"
19 février 2010 "Les palmiers ensanglantés (interview)"

[3] Miguel Facussé cultive les palmiers à huile pour l’export, cette culture très gourmande en engrais et pesticides tue la terre. Les employés de la palmeraie sont traités de manière quasi féodale, la loi de 2009 avait permis de rééquilibrer la situation en attribuant les terres en friche appartenant à l’Etat aux petits paysans, leur permettant de subvenir à leur autonomie alimentaire. Mais depuis le putsch de juin 2009 les latifundistes ont remis la main sur ces terres qui ne leurs appartiennent pas et emplois les armes pour déloger les paysans pauvres.

[4] Nous sommes actuellement entrain de chercher si un organisme sur place est capable de gérer d’éventuels dons depuis l’étranger, nous mettrons cet article à jour en fonction, vous pouvez également nous écrire à primitivi[AT]no-log.org