1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.
Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

lundi 5 juillet 2010

Honduras, un an après le coup d’Etat

Il y a un an, le 28 juin 2009, un coup d’état militaire renversait le président du Honduras, M. Manuel Zelaya.

Au-delà des prétextes invoqués, le coup d’état visait à défendre les intérêts de ceux qui l’avaient commandité : l’oligarchie hondurienne et les multinationales présentes dans le pays. Cette élite – dont un rapport du Bureau pour la démocratie, les droits humains et le travail du département d’Etat américain observait, en mars 2007, qu’elle « exerce un contrôle considérable sur l’économie, le système judiciaire et les institutions politiques du pays » – s’estimait menacée par le programme économique de M. Zelaya.

Ce n’était pas la première fois qu’un chef d’Etat hondurien chahutait les dominants en prétendant stimuler le capital « national », développer la consommation interne et accroître le salaire minimum.

En 1993, Carlos Roberto Reina remportait les élections présidentielles, soutenu par une fraction de la bourgeoisie, elle-même menacée par l’ouverture économique du pays, et par les couches populaires, déjà frappées par les politiques néolibérales. Dès la première année de son mandat, Reina rencontra les dirigeants du Fonds monétaire international (FMI) et ceux de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) afin de leur présenter l’inflexion de la politique économique du Honduras qu’il envisageait. Menacé, en retour, d’avoir à se passer des crédits que ces institutions lui allouaient, Reina en revint à la feuille de route néolibérale.

Quinze ans plus tard, les choses avaient changé. Délaissé par les Institutions financières internationales, le Honduras obtint le soutien politique de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), qu’il rejoint en août 2008, et l’aide économique du Venezuela. M. Zelaya s’était plaint, lors de son arrivée au pouvoir, que le Honduras était si pauvre qu’ « il ne pouvait même pas construire une route sans faire appel à la Banque mondiale ». Dès la signature d’un accord avec Petrocaribe, il bénéficia de financements à taux réduits pour ses investissements en infrastructure qui l’autorisaient à dépenser ses propres deniers dans le cadre de programmes sociaux. Le même accord l’assurait de la livraison de 20 000 barils de pétrole brut par jour à des prix généreux.

Le 3 janvier 2008, un communiqué de l’Association industrielle nationale (ANDI) – qui, malgré son nom, représente les intérêts des firmes étrangères au Honduras – prenait acte de ce changement d’époque : « désormais s’est imposée l’inévitable nécessité de prendre des mesures que nul ne souhaitait, ou de mettre la clef sous la porte. » Les intérêts de l’élite n’étant pas négociables, l’ANDI concluait : « le président Zelaya et ses acolytes des syndicats obligent le patronat à se défendre et, sans le vouloir, ont réveillé le tigre. » Le 28 juin 2009, après une longue période de sommeil, le tigre bondissait.

A cette rupture dans la stratégie des classes dominantes honduriennes, le président américain, M. Barack Obama, promit d’en opposer une autre, dans la politique étrangère américaine. Jusque-là, celle-ci se caractérisait par sa complaisance vis-à-vis des putschistes latino-américains, comme lors du coup d’état qui renversa le président vénézuélien, M. Hugo Chávez, pendant quelques heures, en avril 2002.

Au contraire, dès le 29 juin, M. Obama condamna les putschistes : « Je pense qu’il s’agirait d’un précédent terrible si nous commencions à revenir en arrière, à une époque où les transitions politiques s’effectuaient par le biais de coups d’état, plutôt qu’au travers d’élections démocratiques. » Mais l’attitude ultérieure de Washington ne fut pas à la hauteur des déclarations du nouveau président.

Le Département d’Etat refusa de qualifier l’opération de « coup d’état militaire », un terme qui aurait « contraint l’administration à mettre un terme à ses programmes d’aide au Honduras », observe Alex Main, du Centre pour la recherche économique et politique (CEPR). L’administration américaine se contenta de suspendre le versement d’une fraction réduite de l’aide qu’elle allouait au pays (pour un montant de 31 millions de dollars). Mme Hillary Clinton, proche du lobbyiste Lanny Davis – qui se mit rapidement au service des putschistes honduriens –, en annonça la reprise le 4 mars 2010. Le même jour, elle invitait l’Organisation des Etats américains (OEA) à reconnaître le gouvernement de M. Porfirio Lobo, vainqueur, le 29 novembre 2009, d’un scrutin illégitime (puisque organisé par un gouvernement illégitime), et en fonctions depuis le 27 janvier 2010. Elle le félicitait par ailleurs d’avoir « restauré la démocratie » au Honduras.

Situation invraisemblable il y a encore une vingtaine d’années, le gouvernement de facto, soutenu par les Etats-Unis, n’a toujours pas été reconnu par l’OEA. Il est régulièrement mis en cause par les pays de l’ALBA. L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) menaça de boycotter le sommet Amérique latine, Caraïbes et Union Européenne de Madrid, en mai 2010, si M. Lobo y participait.

La crise hondurienne constitue sans doute l’un des épisodes du conflit larvé qui oppose le Venezuela aux Etats-Unis. Mais, si le Honduras pourrait se passer de la reconnaissance diplomatique du Venezuela, celle du Brésil lui fait cruellement défaut.

Il y a quelques années, Brasília avait enteriné les préférences américaines lors du renversement du président haïtien Jean-Bertrand Aristide, en 2004.

Cette fois-ci, le président brésilien, M. Luis Inacio « Lula » da Silva a estimé qu’il était en mesure de tenir tête aux Etats-Unis. Selon le journaliste uruguayen Raúl Zibechi, l’année qui vient de s’écouler a révélé une menace plus préoccupante pour Washington que le socialisme du XXIème siècle de M. Chávez : l’émergence du mastodonte économique brésilien et sa prétention à défendre ses intérêts.

Pour l’heure, la population hondurienne poursuit sa lutte malgré la répression policière et militaire. Torture, disparitions, couvre-feux, fermeture de médias sont (re)devenus monnaie courante au Honduras. Les rassemblements de plus de quatre personnes ont été interdits. Le Comité des familles de détenus et de disparus au Honduras (COFADEH) a recensé 43 assassinats politiques.

Renaud Lambert
source: http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-06-28-Honduras

vendredi 2 juillet 2010

Jackeline Foglia Sandoval, analyste en chef du Bataillon 3-16

vendredi 2 juillet 2010, par Primitivi

L’organisation d’un escadron de la mort ne dépend pas que de tueurs brutaux et sanguinaires, son travail (éliminer l’opposition au sein de la population et développer une atmosphère de terreur) s’appuie sur les données récoltées en amont afin de définir le plus précisément possible qui doit être éliminé afin de mener la politique de terreur la plus efficace.

Au Honduras, Jackeline Foglia Sandoval a tenu se rôle en 1987, elle était chef de la Section Analyses du Bataillon 3-16. Elle a permis de définir et de localiser les citoyens considérés comme "subversifs" par l’État et donc pris en compte comme "objectifs militaires" ce qui les rendait éligibles pour être pris en charge par l’escadron de la mort.

Dans cet article la COFADEH, organisation de défenses des droits de l’homme au Honduras, s’inquiète de la reprise de service de ce genre de personnage et lance un avertissement sur les conséquences probables de leur réactivation.

Alerte peuple hondurien

La conjoncture nationale actuelle révèle les choses qui mettent en danger la vie de nombreuses personnes si elles passent inaperçu, tel est le cas des militaires faisant parti de l’Escadron de la Mort 3-16 qui se considèrent maintenant comme les portes-drapeau de la Constitution de la République appelés pour remettre en pratique leur vieille stratégie de la terreur.

C’est le rôle que joue Jackeline Foglia Sandoval, qui a fait partie de la Structure 3-16 en 1987 en tant que chef de la Section Analyses, selon l’accord N° 02-81 du 12 janvier 1987, cette information peut se trouver dans le rapport “Los hechos hablan por sí mismos”[“Les faits parlent d’eux-même”], présenté en 1993 par Leo Valladares, Commissaire National aux Droits de l’Homme.

Le travail de la Section Analyses dans le cadre de la Doctrine de Sécurité Nationale n’était pas moins que de compiler les profils des civils qui étaient considérés comme objectifs militaires, ceux qui par la suite disparurent, furent assassinés ou torturés.

Le danger vient du fait que ces méthodes de terreur peuvent être à nouveau mises en application pour commettre des violations des droits de l’homme.

Jackeline Foglia Sandoval
(photo : COFADEH)

Actuellement Jackeline Foglia Sandoval mène silencieusement son travail sur Internet où elle lance des appels à ses collèges militaires pour qu’ils viennent se joindre “à la défense de la patrie”.

Les organisations des Droits de l’homme signalent qu’en 1987, on a fait disparaître, les citoyens honduriens Luis Antonio Rodríguez, Cosme Osorio Murillo, Martín Antonio Lazo M., Julio López, Marco Tulio Sosa, José Estanley Castellón et René McClellan Andino. Leurs parents attendent encore qu’on leur rende justice.

D’autres données sur Foglia Sandoval signalent qu’en 1980 elle a commencé ses études à l’Académie Militaire de West Point aux États-Unis et que de 1984 à 1995 elle a été officier dans l’armée du Honduras, intégrant de multiples unités militaires.

Il y a de sérieuses préoccupations face à la résurgence de ces violeurs des droits de l’homme dont les crimes attendent encore leur châtiment, mais qui continuent dans la plus totale impunité grâce à la complicité d’instances de l’État qui ont initialement le devoir de faire juger ce genre de délits, mais dont le comportement se limite à danser la danse du pouvoir.

Nous lançons un appel au peuple hondurien pour ne pas oublier ces faits détestables et de rester attentif afin d’identifier ces personnages qui cherchent aujourd’hui à se faire valoir comme défenseurs des intérêts du peuple.

COFADEH


Source : COFADEH "Alerta al pueblo hondureño"
Traduction : Primitivi

Les démonstrations de force populaire inquiètent les putschistes

par Natasha Pitts (Adital)

mardi 29 juin 2010, par Primitivi

Cela fait un an qu’un coup d’État a eu lieu au Honduras. Les nouvelles étaient tout d’abord confuses pour qui ne connaissait pas l’histoire de ce petit pays. La plupart des journaux et des médias internationaux forçant le trait et dépeignant Manuel Zelaya comme un dictateur en puissance.

Mais quelques semaines après, grâce à l’organisation des honduriens, aux médias alternatifs et à toutes les informations circulant sur la toile la réalité des faits était connue : Zelaya était un président progressiste et on avait affaire à un putsch oligarque.

Mais depuis rien n’est rentré dans l’ordre, bien que la dissimulation du coup d’État ait échoué le gouvernement des États-Unis a continué son jeu machiavélique bientôt suivi par les gouvernements européens avides d’accords commerciaux, laissant avec ô combien d’aisance les droits de l’homme et l’équité de côté ils se sont précipités pour reconnaître Porfirio Lobo en tant que chef d’État légitime alors qu’il n’est qu’un pantin oligarque.

Mais, et heureusement pour eux, les honduriens ne lâchent pas l’affaire. Ce putsch est la goutte de trop pour nombre d’entre eux, et ils désirent plus ardemment encore mettre en place une société équitable. Les assassinats et les exactions n’y changeront rien, le peuple hondurien est en marche et il semble qu’il ne s’arrêtera pas en chemin même si les puissances de l’argent et du pouvoir s’ingénient à le semer d’embûches.

La détermination sans faille que montre actuellement la population hondurienne est un exemple de pugnacité que d’autres nations (plus occidentales) ferait bien de prendre en exemple.

- le site voselsoberano propose deux galeries d’images sur la commémoration du coup d’État à San Pedro Sula, ainsi que quelques images des activité du comité indigène COPINH à La Esperanza, Intibucá : San Pedro Sula (jour), San Pedro Sula (nuit), La Esperanza (à la fin de l’article) -

Ce lundi 28 juin, cela fait un an qu’a eu lieu le coup d’État au Honduras qui a expulsé du pouvoir le président Manuel Zelaya. Ce même jour, le Front National de la Résistance Populaire (FNRP), le mouvement qui s’est organisé en réponse au putsch, fête également son premier anniversaire de lutte.

Le pays avance toujours lentement pour un retour à la normale au niveau politique, économique, sociale et démocratique. Des persécutions, des intimidations, des assassinats et diverses violations à l’encontre des droits de l’homme sont encore fréquemment enregistrés. Cela confirme que l’actuel président, Porfirio Lobo, n’a pas encore réussi, durant ses cinq mois de gouvernement, à remettre le pays vers la voie de la démocratie.

Dans ce contexte, de plus en plus de personnes ont trouvé dans les idéaux du Front de la Résistance un chemin pour une transformation positive du pays. Pour parler de cette lutte pour la refondation du Honduras, du chemin parcouru pour tenter d’implanter une Assemblée Constituante inclusive et populaire, et évaluer cette première année du Coup d’État, ADITAL a interviewé le FNRP.

Adital - Le sentiment populaire le plus caractéristique. Est-il possible d’affirmer que la population hondurienne est sûre que le pays a besoin d’une refondation ?

FNRP - L’histoire vécue actuellement par le Honduras est l’un de ses moments les plus agités. La vie du pays a été coupée en deux après l’apparition de la Résistance Populaire en réponse au Coup d’État du 28 juin 2009.

Le Front National de Résistance Populaire (FNRP) est la plate-forme dans laquelle tous les secteurs politiques et sociaux du Honduras ont approuvé à la majorité le fait d’être uni pour concevoir et construire une société juste, sans discriminations, où l’exploitation des uns par les autres ne trouve simplement pas sa place.

L’ultime finalité est la refondation de l’État, concept qui poursuit maintenant les classes oligarques patronales comme un cauchemar, elles qui ont cru qu’en sortant Manuel Zelaya de sa maison par les fusils et en envoyant au Costa Rica ils en finiraient avec un projet qui était déjà devenu un désir collectif.

L’autre lutte est le retour avec toutes les garanties citoyennes du président Manuel Zelaya, puisque l’exil forcé viole tous les droits qu’il a en tant que citoyen hondurien.

Adital - Le Front de Résistance est né un peu après le putsch, il approche également de son premier anniversaire. Quelle est l’évaluation qui peut être faite des actions du mouvement durant tout ce temps ? Et ensuite, est-ce que les stratégies vont être les mêmes ou est-il temps d’en changer ?

FNRP - La Résistance est également née le 28 juin, quand les organisations Populaires et le peuple en général sont sortis massivement dans la rue pour condamner le coup d’État et pour exiger le retour à l’ordre Constitutionnel.

La Résistance s’organise avec la marche, avec une volonté de lutte et de courage qui surpasse tout clivage social, puisque nous représentons tous les secteurs sans regarder l’idéologie et le parti politique auquel il appartient, en dépassant la peur d’être tué par la répression mise en place par la dictature.

Au Honduras depuis le 28 juin dernier rien n’est plus le même, dans tout le pays il y a une Résistance, les gens s’organisent dans les quartiers, dans les colonies, dans les communautés, dans les départements.

Cette décision du peuple de s’organiser et de continuer la lutte nous a permis de construire les piliers sur lesquels repose l’ardent désir de mettre en place une société nouvelle.

D’autre part la Résistance est devenue plus forte elle est passée de l’action conjoncturelle à la structuration et à la stratégie pour prendre le pouvoir et pour changer le pays. Même les secteurs les plus réactionnaires de la droite anachronique hondurienne le reconnaissent et considèrent le surgissement d’un nouveau Pouvoir Populaire, créé et conduit par le FNRP, comme un danger imminent.

Actuellement notre travail est de réussir à récolter plus d’un million de signatures dans la "Déclaration Souveraine" où en tant que peuple hondurien nous nous convoquons à une Assemblée Nationale Constituante, et de cette manière chercher les mécanismes pour sa mise en place.

Adital - La Carta Magna du Honduras a été élaboré en 1982, durant une période de dictature et sans consultation populaire. Avec la convocation à une Assemblée Constituante : qu’est-ce qui serait le plus important à modifier dans la Constitution du pays ?

FNRP - Au début des années 80, l’Amérique centrale vivait des moments très significatifs de la lutte parmi lesquels on distingue le triomphe du Front Sandiniste au Nicaragua et la guerre insurrectionnelle du Farabundo Martí au Salvador, les organisations indigènes au Guatemala et l’avance du Mouvement Populaire au Honduras.

L’empire des États-Unis avait besoin de sauver le Honduras puisque les gouvernements militaires étaient paralysés, il fallait lui donner un "Ordre Constitutionnel" et ils ont recouru aux élections, ils ont installé une Assemblée Nationale Constituante, qui a élaboré une nouvelle Constitution pour qu’elle défende institutionnellement les intérêts géopolitiques de l’empire, dans le cadre du conflit en Amérique centrale.

La Constitution du Honduras a été approuvée en Janvier 1982, sur trois axes fondamentaux choisis par les hommes politiques et les entrepreneurs : Vendre le Honduras, en argumentant qui était la seule manière de sortir le pays du sous-développement, réduire l’État à sa plus simple expression, pour que l’État soit un centre de corruption et de déficit fiscal, et établir les Forces Armées comme garant de cette Constitution.

Avec la Constitution de 82 ce qui a été obtenu ce fut de donner le pouvoir aux grands entrepreneurs et de réduire le pouvoir de l’État et du peuple, en empêchant les réformes.

Le nouveau cadre légal [que le FNRP souhaite mettre en place] aura pour objectif central les intérêts populaires, au Honduras on ne légiférera plus jamais pour les entrepreneurs et l’État de Droits existera pour le développement de l’être humain et pas celui des entreprises qui ont survécu grâce au pillage du trésor public et à l’exploitation des ressources et des personnes.

Il sera participatif car on ne l’entend pas comme un petit groupe au pouvoir décidant en passant outre les majorités, mais comme des majorités exerçant le pouvoir à travers des structures communautaires de participation politico-sociale.

Jusqu’à présent ce processus a été la clé du succès de la Résistance Populaire, puisqu’il n’y a pas un coin du pays qui n’a été pris en considération et les problèmes des communautés ont été défendus par les communautés elles-mêmes. Cela fait aussi partie de ce processus, différents programmes qui enrichissent le spectre politique et social du pays.

On prend en considération les nécessités des populations indigènes et des descendants africains, les luttes ouvrières comme les luttes paysannes, la voix des étudiants retentit aussi fort que les exigences des environnementalistes et les communautés gay, lesbiens, travestis, bisexuels et transsexuels (LGTTB) exigent leurs droits à la même table où les communautés chrétiennes et religieuses invitent lutter pour la justice.

Les femmes ont été en tête de la lutte dans la rue et aujourd’hui elles assument leur position d’égalité aux côtés des hommes pour faire avancer le processus, qui sans le dire, montre à chaque pas qu’il dispose de la force qui a rendu possibles toutes les révolutions impossibles.

La Nouvelle Constitution est construite quotidiennement, mais ce n’est pas le but ultime des honduriens et des honduriennes. La Constitution n’est que le cadre légal qui rendra possible la construction d’une nouvelle société.

Adital - quels sont les résultats que le FNRP attend des mobilisations pour le premier anniversaire du Coup militaire ?

FNRP - Les mobilisations ont eu lieu depuis le 28 juin et cela continue d’être une démonstration du peuple hondurien en tant qu’acte de désobéissance et de résistance contre une dictature imposée au pays.

Cette démonstration de force et de mécontentement d’un peuple préoccupe les putschistes, l’empire et l’oligarchie, car leur stratégie est de diviser, de soumettre la Résistance et d’éviter son développement national.

Ce 28 juin nous ferons également un hommage à la mémoire de toutes les personnes victimes de la répression cruelle planifiée par les forces répressives de l’État conjuré (Michelleti-Lobo). Nous sommes et nous continuerons d’avancer pour cultiver une mémoire collective forte qu’ils ne pourront pas arrêter avec le pouvoir médiatique de l’oligarchie politico-patronale.

Adital - La Résistance attend-elle encore une aide de la part des organismes internationaux pour revenir à une normalité démocratique ? Après le putsch, le comportement de ces organisations a-t-il été à un quelconque moment important et bénéfique pour le pays ?

FNRP - A un certain moment la position adoptée par les organismes internationaux et les gouvernements a été important pour freiner l’avance de la dictature.

Puis peu après ils ont commencé à promouvoir la signature de les accords de San José proposé par le gouvernement des États-Unis, avec le président [Oscar] Arias du Costa Rive comme médiateur. Accords qui n’ont par pris les intérêts du peuple hondurien en considération, pour lesquels la Résistance n’était pas d’accord et que le président Zelaya a considéré comme un échec.

Les dictatures ne se mettent pas en place pour repartir si rapidement mais au contraire elles sont mises en place pour rester, c’est pourquoi la Résistance n’a été d’accord avec aucune de ces approches qui se sont déroulées dans un cadre de forte violation des Droits de l’homme de tous ceux et celles qui étaient contre le Coup d’État, et d’un autre côté tout cela s’est négocié dans une totale inégalité de conditions quand le président Zelaya s’est trouvé "pris" dans l’ambassade du Brésil.

Maintenant on veut nous imposer un gouvernement de la vérité et de la réconciliation, résultat d’un processus électoral illégal faisant suite au coup, appuyé par les organismes putschistes et avec la bénédiction du gouvernement gringo.

Dans le Front National de Résistance Populaire il est clair que la démocratie sous la protection du néolibéralisme n’a été qu’un mirage où ont émergé des inégalités sociales très dures, où plus de 70% de la population vit sous le seuil de pauvreté. C’est pourquoi nous travaillons pour construire un État d’égalités qui soient réellement démocratiques, nous voulons transformer structurellement notre pays avec des mécanismes qui évitent le monopole politique que maintiennent actuellement les deux partis traditionnels (libéral et nationaliste) et arrêter l’injustice qu’organise les 10 familles qui croient que le Honduras leur appartient.

interview réalisé par Natasha Pitts journaliste à Adital (Brésil)




Source : Adital "Demostración de fuerza y descontento del pueblo preocupa a los golpistas"
Traduction : Primitivi

La Résistance hondurienne dans la rue pour le premier anniversaire du coup d'Etat

Près de 10 000 manifestants à Tegucigalpa ce lundi 28 juin


La résistance hondurienne dans la rue pour le premier anniversaire du coup d'Etat

Près de 10 000 manifestants à Tegucigalpa ce lundi 28 juin

Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net
Avec des mobilisations dans tout le pays, le Front national de résistance populaire (FNRP) a commémoré hier le premier anniversaire de la destitution de Manuel Zelaya et de son remplacement par Roberto Micheletti à la Présidence de la République, le 28 juin 2009
Samedi, des centaines de véhicules sont partis de Planeta Zipango [L'université nationale autonome] traversant le Périphérique et le boulevard des Forces armées, et ont réalisé dans la soirée une marche aux flambeaux puis une veillée dans le parc La Merced. Ils y ont placé sur le sol des croix blanches de papier avec les noms de 77 personnes qui seraient mortes dans la lutte menée cette année.



Lundi dernier, des actions se sont tenues dans les grandes villes ainsi que dans la capitale, le point de départ étant les environs de la colonie Villanueva, où à 9h du matin, la manifestation a commencé par un sit-in.
A 10h30, ils ont commencé à se déplacer en direction de la « Place Colprosumah », située derrière la Résidence présidentielle, où ils sont restés une heure.
Par la suite, ils s'orientèrent vers le centre de Tegucigalpa, terminant la marche devant les marches du Congrès National, où les manifestants ont entonné l'Hymne national, les dirigeants prononcé leurs discours et lu une carte envoyée au FNRP par Zelaya, depuis la République Dominicaine.
Le coordinateur du FNRP, Juan Barahona, a fait remarquer que la mobilisation a été énorme, qui ont participé plusieurs milliers de personnes, et que cela répond aux attentes.

« La Résistance n'est pas simplement une organisation, c'est tout un peuple qui s'oppose à ce qui s'est passé le 28 juin de l'an dernier », a déclaré Barahona.
« Ce peuple demande et exige une Assemblée Nationale Constitutante pour une nouvelle Constitution de la République et le retour au Honduras de l'ancien président Zelaya Rosales », a-t-il affirmé.
La lettre de Zelaya
Les dirigeants des centrales syndicales ont participé à la mobilisaiton, lors de laquelle l'avocat Rasel Tomé a lu la lettre de Zelaya.
« Aujourd'hui les faits 'ex-post coup d'Etat' confirment ce que nous soupçionnions; les Etats-Unis (USA) étaient derrière le coup d'Etat », est-il dit dans sa déclaration.

« Dès le début de cette tragédie et de ce bond en arrière, le Département d'Etat a nié tout lien avec le coup d'Etat, y compris l'Ambassade américaine qui a exprimé sa condamnation, aujourd'hui on sait tout, tout indique que le coup d'Etat a été planifié sur la base militaire de Palmerola (…) par le Commandement-Sud des Etats-Unis et exécutés bêtement par des honduriens mal-intentionnés ».
Il soutient que les causes du renversement se trouvent dans « le changement dans les accords qui garantissaient des profits indûs aux multi-nationales pétrolières » et « le projet de reprise de contrôle de la base militaire de Palmerola, pour en faire d'un aéroport militaire un aéroport civil, pour les échanges commerciaux et le transport de passagers. »
C'est également en 2006 « que l'on a changé la politique monétaire ainsi que la politique salariale, avec des aides au transport et de meilleurs salaires pour les ouvriers, en contradiction avec les politiques restrictives du Fonds monétaire international (FMI) ».
« En 2007 et 2008, a été signé le Traité d'association avec Petrocaribe et avec les pays socialistes, avec l'adhésion à l'ALBA », et « en 2009, à l'Assemblée de l'Organisation des Etats américains, organisée à San Pedro Sula, on a réussi à révoquer les décrets d'expulsion de Cuba de l'OEA datant de 1962 ».

Zelaya a appelé la Résistance et le Parti Libéral « à maintenir leur unité et à poursuivre la collecte de signatures pour l'Assemblée nationale constituante et mon retour au Honduras ».
« Aujourd'hui plus que jamais, nous devons être tous debout pour soutenir la Commission Vérité constituée par la Plate-forme des droits de l'Homme ».
« La seule issue pour le Honduras est un nouveau consensus en faveur du dialogue politique, pour que le peuple convoque la constituante, nous n'avons pas besoin que le gouvernement le fasse. »
« Que tant de crimes ne restent pas impunis, ni la rupture avec la démocratie, ni le coup d'Etat ni le putschiste qui l'a mené ».
« On obtiendra la reconnaissance internationale, seulement si on revient à la paix et à la démocratie et après 365 jours de souffrance, avec le retour de la barbarie et de la violence, je reste ferme et prêt à lutter jusqu'à la mort », conclut Zelaya Rosales.

(Article de la Tribuna – quotidien hondurien)
Source
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-la-resistance-hondurienne-dans-la-rue-pour-le-premier-anniversaire-du-coup-d-etat-pres-de-10-000-manifestants-a-tegucigalpa-ce-lundi-28-juin-53178148.html