1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.

1 346 876 honduriens ont dit OUI à la constituante.
Le chemin de le Refondation n’est pas facile. Dérouter politiquement l’oligarchie par des moyens non violents nous impose une discipline de fer, nous impose d’assurer la démocratie interne du FNRP pour garder le soutien populaire et augmenter la base organisée, formée et mobilisée.

jeudi 4 février 2010

Discours de Juan Barahona lors de l’acte de transmission de pouvoir du Président José Manuel Zelaya Rosales...


... au peuple hondurien, représenté par le Front de Résistance Populaire.

Le Honduras a changé pour toujours. Notre peuple, aujourd’hui lancé contre la dictature de l’oligarchie et de l’impérialisme ennemis, s’est converti en un géant de dignité, de sacrifice et de conscience. Jamais auparavant dans notre histoire, nous, les secteurs populaires, n’avons été plus unis, jamais nous n’avons eu autant conscience de nos droits, nous, hommes et femmes pauvres, jamais ne s’est montrée aussi clairement la nature exploitatrice, totalitaire et assassine de ceux qui sont les propriétaires de ce pays, et qui tremblent devant la force inébranlable de la Résistance Populaire.

Aujourd’hui, au moment où les forces du passé jurent fidélité au nouveau traitre, nous pouvons affirmer avec orgueil que nous sommes réveillés et sommes capables de construire notre futur.

Avant de poursuivre, permettez moi cet acte solennel: pensons aux femmes et aux hommes qui ont offert leur vie dans cette lutte, assassinés lâchement et par traitrise par la terreur du régime de facto. Nous avons parcouru ensemble les rues, respiré les mêmes gaz empoisonnés, reçu les mêmes balles, connu la même prison, la même humiliation. Mais nous avons aussi écrit ensemble les plus belles pages de lutte et de résistance qu’a connues la patrie.

Quand s’est arrêté de batte leur cœur, ils sont morts pour revivre éternellement dans nos cœurs et dans notre lutte!

Vive les héros du Peuple ! .


Sang de Martyrs ! …Graine de Liberté !

Pour eux nous jurons qu’il n’y aura pas de repos, que nous ne négocierons jamais nos principes, que nous ne pardonnerons pas la trahison, et que nous allons transformer ce pays pour qu’il soit libre, démocratique, juste et réellement indépendant.

Nous luttons pour la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante Populaire : révolutionnaire, elle ira bien au delà des réformes tièdes qui laisseraient intact le système des privilèges, système qui permet aux puissants de vivre dans un luxe infini exploitant le travail des pauvres, volant les biens publics et exploitant sans pitié les ressources naturelles.

Nous voulons une société neuve, un être humain neuf, qui n’exalte pas l’égoïsme come valeur suprême mais qui cherche au contraire le développement intégral de la collectivité. Nous aspirons à forger des personnes solidaires, qui ressentent comme leur la misère des autres et qui luttent pour éliminer les injustices sociales provoquées par le capitalisme, le patriarcat et le racisme.

Nous nous battons pour une patrie libre d’ingérences externes, sans bases militaires pour menacer nos frères centraméricains, sans transnationales pour voler impunément nos richesses, sans classes politiques aux ordres de l’empire. Nous luttons pour l’intégration des peuples latino-américains et pour l’union de l’Amérique Centrale.

Ceci fut le rève de José Cecilio del Valle, Cabañas, Visitación Padilla, Graciela García, José Martí, Juan Pablo Wainwrigh, Manuel Cálix Herrera, Sandino, Farabundo: nos héros ainsi que les grands leaders historiques du Peuple hondurien et des peuples centraméricains. C’est l’exemple de Morazán, notre plus haute référence, qui bien que vieux de deux siècles, nous a laissé un héritage de dignité et de droiture qui encore aujourd’hui défie les ennemis du progrès.

Francisco Morazán fut assassiné il y a 168 ans par une oligarchie rétrograde et lâche, compromise avec l’empire de son temps, exactement comme l’est l’oligarchie hondurienne d’aujourd’hui. Si Morazán vivait aujourd’hui, ses ennemis seraient le COHEP et l’ANDI (patronat hondurien, ndr) et porteraient le nom de Goriletti, Elvin Santos, Pepe Lobo, Carlos Flores, Adolfo Facussé, Rafael Callejas, Rafael Ferrari et bien d’autres dont le nom seul donne la nausée.

Si Morazán vivait aujourd’hui, la classe politique qui usurpe les pouvoirs de l’Etat enverrait contre lui l’armée et la police, comme elle l’envoie contre nous qui continuons les luttes pour la souveraineté et la liberté de notre peuple

Quelle grande différence avec l’armée qu’il commanda pour défendre la loi conte les oligarques de son temps !

Que ressentirait le Général Morazán s’il voyait les militaires et les policiers tirer sur leurs compatriotes désarmés, rouant de coups les enfants et les vieillards, violant et outrageant les femmes et les jeunes filles sans défense et torturant nos jeunes ? Ce grand Général mourrait de honte.

Bien que nous l’ayons toujours su, cela n’a jamais été aussi clair qu’aujourd’hui, les Forces Armées ne servent pas à gagner des guerres, elles ne servent qu’à faire des coups d’état pour faire tomber des gouvernements légitimement élus, dès lors que le maître du nord l’ordonne à ses valets, une oligarchie minoritaire, exploitatrice et corrompue.

Le temps viendra bientôt où ces Généraux paieront pour leur délits et accompagneront dans les prisons du Honduras Nouveau les entrepreneurs et politiques putschistes.

Mais il est également apparu au grand jour que derrière les ennemis du Peuple hondurien se cache l’ennemi numéro un de tous les peuples, l’empire nord-américain. Sans son appui, cette oligarchie lâche n’aurait jamais osé faire ce coup d’état qui défie la majorité des nations.

Les fonctionnaires nord-américains sont tellement cyniques, qu’après avoir préparé tous les détails du coup d’état avec leurs valets locaux serviles, ils ont ensuite feint de le rejeter, cachant ainsi leurs intentions de légitimer la dictature derrière le piège des négociations de San José et à travers des élections frauduleuses.

Maintenant, les putschistes et leur maître hypocrite du nord, tentent de tromper les peuples et les gouvernements du monde avec des chiffres gonflés, leur faisant croire qu’il y a eu ici des « élections démocratiques ».

Il y a eu des élections démocratiques, camarades ? NON, ce qu’il y a eu, c’est une FARCE. On ne trompe pas le peuple hondurien, parce qu’ici nous savons que seuls trois pelés et deux tondus ont été voter.

Même ainsi ils veulent tromper le monde. Ils ne comptaient pas que le monde avait changé. Si auparavant tous baissaient la tête, aujourd’hui de nombreux peuples ont des gouvernements dignes qui ne s’agenouillent pas devant le dollar.

Pour ces raisons, aucun gouvernement du monde ne participe à cette cérémonie indigne de prise de pouvoir. Seuls quelques uns sont venus, les plus serviles. Ce rejet du monde est un triomphe de notre lutte, camarades. Grace à cette bataille, ils n’ont pu faire un coup d’état pour l’exportation.

De toute façon, les putschistes ont un scénario préparé par l’empire.

L’étape suivante est d’essayer de détruire les conquêtes sociales obtenues sous le gouvernement du Président Manuel Zelaya. Les putschistes utilisent les médias, tous à leur disposition, les prêchoirs des églises conservatrices et les ONGs vendues, pour faire la promotion d’un “Plan pour le Pays” qui n’est rien d’autre que la continuation du modèle néolibéral qui a noyé dans la misère la majorité et a hypothéqué l’avenir de plusieurs générations de honduriens.

Ce qu’ils recherchent au fond, c’est de respecter l’agenda du coup d’état. Leur objectif est d’abolir le statut des enseignants, de mettre en œuvre un nouvelle cure d’austérité pour nous prendre plus d’impôts, geler le salaire minimum voir le baisser s’ils le peuvent, augmenter le prix des combustibles et les bénéfices des transnationales, piller nos ressources minières, privatiser l’eau, mettre à sac nos finances, entre autres calamités. C’est pour cela qu’ils ont fait le coup d’état ces criminels !

Pourquoi devrions-nous croire les promesses d’une classe exploitatrice qui a eu 30 ans pour démontrer que son système néolibéral fonctionne? Comment prétendent ils que le peuple ait confiance en un gouvernement de putschistes, répresseurs, voleurs, fantoches et imposteurs ?

Il est impossible de faire confiance à un régime qui s’impose à pointe de baïonnettes. Le mensonge et la tromperie est leur norme. Il suffit de voir comment ils s’absolvent entre eux de leurs péchés lors de procès feints pour faire croire aux idiots qu’ici il ne se passe rien. Puis ils racontent au monde qu’ici tout est “harmonie” et “réconciliation”, malgré les assassinats de camarades qui continuent, bien que beaucoup soient obligés de s’exiler et d’autres soient menacés de mort quotidiennement. Ils portent le ridicule au point d’organiser un show pour laisser croire que le dictateur Goriletti se met à l’écart.

C’est dans ces conditions qu’ils veulent que nous nous prêtions à leur « dialogue » !

La Résistance Populaire ne participera pas à cette farce de dialogue avec l’oligarchie et encore moins avec son gouvernement abject.

Les putschistes ne pourront plus tromper ce peuple qui a atteint des niveaux de conscience supérieurs au passé. La grande majorité des Honduriens sait que Pepe Lobo est la continuité de la dictature, est la continuité du néolibéralisme, est la garantie pour l’empire de pouvoir utiliser le Honduras comme base pour ses opérations militaires et ses projets de stopper les processus de changement en Amérique latine.

Pepe Lobo N’EST PAS NOTRE PRESIDENT, de même que Goriletti ne le fut jamais. C’est le “président” des Kaffati, Hándal, Facussé, Ferrari, Maduro, Callejas, entre autres; c’est le “président” des traitres, des corrompus, de ceux qui vendent la patrie.

Pour cela aujourd’hui, l’écharpe présidentielle légitime ne sera pas donnée à Lobo; celui qui la reçoit, c’est le peuple en lutte, le peuple digne. Aujourd’hui l’écharpe présidentielle, au nom de la majorité de la population, c’est le Front de Résistance Populaire qui la reçoit !

C’est évidemment un honneur pour la Résistance de recevoir l’écharpe présidentielle des mains du Président légitime Manuel Zelaya, le seul à avoir été élu par la volonté majoritaire du Peuple.

Camarades.

La Résistance ne reçoit pas cette écharpe comme un trophée ou une simple reconnaissance pour ses efforts. Elle la reçoit comme la plus haute responsabilité : celle de représenter le Peuple et d’obtenir que surgisse la réelle Démocratie, participative et populaire.

Maintenant, le chemin qui se présente devant nous est empli de défis; le Front de Résistance Populaire est une force nationale comptant sur une impressionnante capacité de mobilisation et une immense sympathie, mais il manque encore beaucoup pour le consolider.

La nouvelle consigne est: Organisation ! Mobilisation ! Formation !

Ces trois mots de d’ordre doivent être assumés par les cellules de la Résistance dans chaque quartier, dans chaque communauté rurale, dans chaque centre de travail ; partout doit prévaloir la démocratie interne. Le Front de Résistance Populaire doit canaliser les besoins des groupes de paysans, ouvriers, indigènes, noirs, homosexuels, artistes, habitants des quartiers urbains marginalisés, micro et petits entrepreneurs, écologistes, femmes, étudiants, forces politiques progressistes et démocratiques, enseignants, professions libérales, défenseurs des droits de l’homme, jeunes, églises populaires et autres organisations. Autant dire tous les secteurs exploités, opprimés et marginalisés de notre nation sans aucune exception.

De part la variété d’idéologies qui intègrent le Front, il faut assumer une attitude de débat sincère et mur ; l’unité dans la diversité est notre caractéristique la plus importante, il faut la renforcer. A cet égard, il est important de reconnaître le leadership et l’attitude de notre président Manuel Zelaya Rosales, qui est arrivé à l’ extrême de se sacrifier et de risquer sa vie pour lutter pour la démocratisation de notre Patrie.

Aujourd’hui le Président Zelaya a gagné contre les tentatives vaines de casser sa volonté et de ternir son exemple. C’est la fin d’un cycle : pour la première fois depuis le retour des élections dans notre pays, un président a été proche des besoins du peuple, a affronté la classe la plus conservatrice du pays et a été capable d’assumer l’agenda des secteurs populaires.

Comme ses ennemis sont petits! Comme ils sont lâches !

Camarade Président. Sachez que la Résistance le considère comme un leader incontestable. A votre retour, vous retrouverez un peuple en lutte, que rien ne peut arrêter, et avec encore plus de courage et d’envie de dérouter la dictature. Mais également une Résistance Populaire mieux organisée et plus consciente.

Le Peuple hondurien commence maintenant une étape distincte dans la lutte pour la construction d’un pays nouveau.

Le Front de Résistance Populaire voit clairement ce défi. Son plan stratégique formule : “Etre un instrument de pouvoir populaire plus fort, pour conquérir le pouvoir, construire de nouvelles institutions et refondre la République, pour que surgisse une nouvelle démocratie populaire où nous participions toutes et tous, où nous soyons les protagonistes d’un Etat de justice sociale, pour garantir la solidarité, la liberté et l’indépendance, à travers une Assemblée Nationale Constituante qui formulera et approuvera la première constitution Politique faite par le peuple, avec une vision latino-américaine.”

Le chemin ne sera pas facile, il sera semé d’obstacles et de sacrifices, mais nous sommes certains de triompher à la fin contre l’oligarchie et ses maîtres de l’empire.

De notre côté, nous avons le soutien du peuple, l’expérience de la lutte populaire et la conscience de la justesse de nos aspirations.

Nous saurons répondre aux responsabilités que nous assumons aujourd’hui.

Vive le peuple héroïque de Morazán !

Vive le Président Manuel Zelaya Rosales!

Vive le Front de Résistance Populaire!

Vive l’Assemblée Nationale Constituante Populaire !

Nous résistons et nous vaincrons !

FRONT DE RESISTANCE POPULAIRE

Tegucigalpa le 27 janvier 2010