En tant que Comité des Prisonniers, Poursuivis et Exilés Politiques du Coup d’Etat au Honduras (CPPEP), nous n’acceptons pas une amnistie où nous serions les protagonistes, puisque aucun ni aucune de nous n’a commis de délit, et que nous sommes bien au contraire victimes d’une machine judiciaire corrompue, contrôlée par les mêmes groupes qui dirigent ce coup d’état.
En demandant l’amnistie, nous offenserions nos camaradas assassinés et leurs familles car nous légitimerions ainsi l’impunité pour les délinquants qui ont mis en deuil les familles les plus humbles du Honduras.
Le lundi 22 février est entré en vigueur le décret d’amnistie qui précise que celle ci sera accordée à la demande expresse des l’intéressés, mais le parquet a manifesté que “ceux qui pensent être concernés par l’amnistie devront se rendre devant les tribunaux pour s’excuser des délits et invoquer le décret d’amnistie pour que le juge la leur concède définitivement. En cas de doute il appartiendra au juge de décider”.
Ceci signifie que nous devons faire confiance aux procureurs et aux juges, alors qu’ils sont impliqués dans la machination judiciaire qui a violé l’état de droit. Ce n’est donc rien de plus qu’un piège.
En tant que victimes, nous ne demandons pas de vengeance, mais exigeons la justice et ferons tout ce qui est en notre possible pour que cesse la violence contre les citoyens. Au Honduras, nous tirons les leçons du passé, et transformons le présent pour que nos enfants, nos petits enfants et les générations futures ne vivent jamais l’injustice qui règne aujourd’hui sur nos terres.
Pour toutes ces raisons, le CPPEP manifeste que la mal nommée Amnistie ne peut être "le début de la réconciliation", pour reprendre les mots de Porfirio Lobo dans son discours de prise de pouvoir au Stade national. Celle ci ne sert qu’à empêcher que soient inculpés, jugés et sanctionnés les responsables des graves violations des droits de l’homme, laissant ces faits impunis, et ouvrant la porte aux délinquants et aux assassins pour de nouveaux méfaits.
Nous vivons au Honduras sous la menace de la violence, mais malgré cela nous continuerons notre lutte pour obtenir la justice pour deux qui sont les vraies victimes du régime actuel illégal, qui cherche à cacher sa vraie nature répressive sous des mensonges énormes comme cette amnistie.
A Tegucigalpa le 25 février 2010
COMMITÉ DE PRISONNEIRS, POURSUIVIS ET EXILES POLITIQUES DU COUP D’ETAT AU HONDURAS (CPPEPH)